Méditation
Lève l’ancre
La prière, mon frère, c'est aussi une aventure
étonnante, qui te fait quitter le port douillet de
certaines certitudes pour te lancer sur l'océan infini de
Dieu.
Il t'appartient de hisser la voile, de larguer les
amarres, de lever l'ancre, de te mettre à la barre,de
t'exposer au vent sur les profondes eaux ... Le vent?
C'est le souffle de Dieu.
Sans lui tu n'avanceras pas ; c'est lui qu'i t'enlace et
qui t'expose ; c'est lui qui t'entraîne loin du portetqui
t'isole... mais, n'aie pas peur ! Il est maître du vent,
des courants et des flots ; l'océan repose en lui.
Et puis, quand tu découvriras que ta fragile
embarcation n'a laissé derrière elle aucune trace pour
retourner au port, il te sera aussi donné de découvrir,
émerveillé, une main amie tenant la barre avec toi.
Alors, tu iras jusqu'au bout -
Mais, va, mon frère, le vent se lève ...
Daniel Bourguet
xxxx
La petite lumière
Tu n'es pas un Dieu mort,
Tu n'es pas un Dieu paralysé.
Tu es l'imprévisible,
Tu es le Vivifiant.
Tu es l'Espri t qui souffle où on ne l'attend plus.
Tu es flamme et souffle qui jamais ne s'arrêtent,
et c'est pourquoi bri lle toujours,
au coeur de ma difficulté de vivre,
la petite lumière obstinée de l’espérance.
Michel Bouttier
xxx
l’évangile
Ne dépend-il pas de nous
que le message de l’évangile
n’apparaisse pas
comme un conte démodé
ou comme un système pétrifié,
mais qu’il soit manifesté
comme une parole vivante
qui fait vivre aujourd’hui
des hommes et des femmes
parce qu’ils y trouvent
le sens de leur histoire,
la source de leurs énergies,
le secret de leur fidélité,
le ferment de leur communion.
Joseph Rozier - évêque de Poitiers en 1989
xxx
la liberté
Tant que je suis dans un chemin que je décide, je risque d'être
dans la répéti tion ou dans la réparation de ce que j'ai reçu dans
mes modèles éducatifs. “ Je fais comme ” ou “ je fais contre... ”,
mes parents, l'Église ou la société. Dès que j'entre dans un
chemin qui m'est offert, j'entre dans la liberté.
La liberté, c'est de ne pas choisi r, mais d'être choisi , et de
s'abandonner. “ Je choisis" ”est une illusion de liberté, car je
choisis toujours en fonction de comportement de réparation ou
de répéti tion. Être libre n'est pas choisi r. C'est de ne plusavoir
à choisi r. C'est accepter d'être choisi , appelé, promu, dans la
jouissance de ce que je reçois.
La vie n'est pas ce que j'en fais, mais aussi ce que j'accepte
qu'elle fasse de moi . Comment est ce que j'accepte de me laisser
surprendre et guider ?
Ce qui m'étonne, c'est que souvent les personnes pressentent
depuis longtemps où elles doivent aller, comme si elles étaient
condui tes vers ce choix mais sans avoi r été en mesure encorede
l'écouter.
Comme s'i l fallai t passer par un temps d'attente, mais aussi
d'épreuves dans son couple ou dans sa vie professionnelle, pour
enfin accéder à un choix plus juste c'est-à-di re plus conforme à
un dési r profond, à sa mission ou qui permette d'occupersavraie
place.
Trouver ce chemin de liberté, c'est le moment où i l y a
adéquation entre ce qu'i l y a de plus profond en moi et ce vers
quoi je me sens appelé.
Cette expérience d'être trouvé, rencontré, n'a parfois lieu
qu'une seule fois dans sa vie, dans des moments de crises et de
choix existentiels profonds qui réorientent toute l'existence.
C'est une invi tation à habi ter le mei lleur de soi même. C'est un
moment qui nous autorise enfin à investi r toutes nos capaci tés.
Cela nous fai t vivre une sorte de retournement, où nos forces
peuvent nous surprendre. Nous pouvons deveni r ravi , transporté
par nous-même, alors que jusque-là nous étions ti rés, retenuspar
nos peurs. C'est une expérience spi ri tuelle d'i llumination et de
conversion. C'est le moment où nous prenons conscience quenous
sommes portés dans une identi té au-delà de nous-mêmes.
C'est finalement très libérant de penser que nous ne sommes
jamais, et à la fois toujours, à la hauteur de ce vers quoi nous
pouvons êtres envoyés. Nous nous surprenons nous-mêmes.
Notre conviction ultime c'est que notre vie prend pleinementson
sens lorsque nous nous dessaisissons de notre puissance. Lorsque
nous acceptons d'être au service de l'autre et de Dieu. C'est en
devenant peti t que nous devenons grands, c'est-à-di re en
entrant dans une mission offerte que je trouve du sens.
Accepter sa mission, c'est en partie renoncer soi -même et
laisser toute la place à ce vers quoi je me sens appelé.
C'est un retournement. C'est là que je peux m'ouvri r à la liberté.
Jean-Paul Sauzède
Il est bon que je m'en aille
Il faut parfois que l'autre s'en aille,
Pour pouvoir prendre sa vraie place
Et donner le meilleur de soi.
C'est souvent quand il est parti,
Qu'on joue le risque d'oser sa vie.
Il faut parfois que l'autre s'en aille,
Pour qu'au coeur de nos arrachements,
On ait la patience d'attendre,
D'autres surgissements,
D'autres paroles, d'autres refrains.
Il faut parfois que l'autre s'en aille,
Pour donner tout ce que l'on a,
Dans les tripes et dans le coeur,
Et vivre enfin son propre destin,
A fond la caisse, à fond la vie.
Il a bien fallu, Seigneur, que tu t'en ailles,
Pour que naissent les audaces de Pierre,
Pour que surgisse la foi de Thomas,
Et peut-être qu'à notre tour aussi,
Nous puissions continuer la mission.
Robert Riber
xxx
béatitudes
Heureux ceux qui n'ont que tendresse pour résister, leurs yeux seront consolés.
Heureux ceux dont le corps est offrande et service, i ls ne rêvent pas leur vie.
Heureux ceux qui laissent parti r
et ne se séparent pas,
i ls insufflent la confiance et la liberté.
Heureux les inquiets,
i ls cuei lleront la joie à la pointe de leur attente.
Heureuses les mains qui s'ouvrent,
demain grandi ra sous leurs doigts.
Heureux ceux qui vivent des temps creux,
i ls sont au carrefour de Dieu.
Heureux ceux qui gardent des questions,
i ls percevront la place du mystère.
Suzanne SCHELL dans Traces vives
xxxxx
Je continue de croire que nous
vaincrons
Je refuse d'admettre l'idée que les lacunes actuelles de la
nature humaine rendent l'homme moralement incapable de
remplir les devoirs éternels qu'il doit affronter à jamais.
Je refuse d'admettre que l'humanité ne soit qu'une épave
ballottée par l'océan de la vie. Je refuse d'admettre que
l'humanité soit si tragiquement vouée à la nuit privée
d'étoiles du racisme et de la guerre, que l'aube brillante de
la paix et de la fraternité ne puisse jamais poindre.
Je refuse d'admettre l'affirmation cynique que chaque
nation tour à tour sera aspirée vers le bas par la spirale
militariste jusque dans l'enfer de la destruction
thermonucléaire.
Je crois que la vérité désarmée et l'amour désintéressé
auront le dernier mot dans le monde des réalités. C'est
pourquoi, même s'il est provisoirement bafoué, le bon droit
sera plus fort que le mal triomphant.
Je crois que, même au milieu du fracas des mortiers et du
sifflement des balles, il y a place pour l'espoir de
lendemains plus lumineux.
Je crois que la justice blessée, gisant inerte dans les rues
ensanglantées de nos nations, couverte de poussière et de
honte, peut encore être relevée pour régner en souveraine
suprême sur les enfants des hommes.
J'ai l'audace de croire que partout les peuples peuvent
avoir trois repas par jour pour nourrir leur corps, une
éducation et une culture pour nourrir leur pensée, la
dignité, l'égalité et la liberté pour nourrir leur esprit.
Je crois que des hommes inspirés par l'amour du prochain
pourront reconstruire ce qu'ont détruit des hommes
inspirés par l'amour de soi.
Je continue de croire qu'un jour viendra où l'humanité
s'inclinera devant les autels de Dieu pour recevoir la
couronne de la victoire sur la guerre et l'effusion de sang,
où la bonne volonté animée par la non-violence rédemptrice
dictera la loi sur la Terre. "Et le lion habitera avec l'agneau
et chaque homme s'assoira sans crainte sous sa propre
vigne ou son propre figuier et nul n'aura rien à redouter."
Je continue de croire que nous vaincrons.
La foi peut nous donner le courage de faire face aux
incertitudes du futur. Elle donnera à nos pieds fatiguésune
force nouvelle pour poursuivre notre route vers la cité de
la liberté. Quand nos jours seront obscurcis par la menace
de nuages bas et lourds, quand notre ciel nocturne se fera
plus noir qu'un millier de minuits, nous saurons que nous
sommes pris dans le tourbillon créateur d'une civilisation
authentique qui se débat pour naître."
Martin Luther King Extrait du discours de réception du
Prix Nobel de la paix à Oslo le 10 décembre 1964.
Comme une danse
Seigneur, fais-nous vivre notre vie,
non comme un jeu d'échecs où tout est calculé,
non comme un match où tout est difficile,
non comme un théorème qui nous casse la tête;
mais comme une fête sans fin
où ta rencontre se renouvelle;
comme un bal, comme une danse
entre les bras de ta grâce,
dans la musique universelle de l'Amour !
Madeleine Delbrêl,
Lève l’ancre
La prière, mon frère, c'est aussi une aventure
étonnante, qui te fait quitter le port douillet de
certaines certitudes pour te lancer sur l'océan infini de
Dieu.
Il t'appartient de hisser la voile, de larguer les
amarres, de lever l'ancre, de te mettre à la barre,de
t'exposer au vent sur les profondes eaux ... Le vent?
C'est le souffle de Dieu.
Sans lui tu n'avanceras pas ; c'est lui qu'i t'enlace et
qui t'expose ; c'est lui qui t'entraîne loin du portetqui
t'isole... mais, n'aie pas peur ! Il est maître du vent,
des courants et des flots ; l'océan repose en lui.
Et puis, quand tu découvriras que ta fragile
embarcation n'a laissé derrière elle aucune trace pour
retourner au port, il te sera aussi donné de découvrir,
émerveillé, une main amie tenant la barre avec toi.
Alors, tu iras jusqu'au bout -
Mais, va, mon frère, le vent se lève ...
Daniel Bourguet
xxxx
La petite lumière
Tu n'es pas un Dieu mort,
Tu n'es pas un Dieu paralysé.
Tu es l'imprévisible,
Tu es le Vivifiant.
Tu es l'Espri t qui souffle où on ne l'attend plus.
Tu es flamme et souffle qui jamais ne s'arrêtent,
et c'est pourquoi bri lle toujours,
au coeur de ma difficulté de vivre,
la petite lumière obstinée de l’espérance.
Michel Bouttier
xxx
l’évangile
Ne dépend-il pas de nous
que le message de l’évangile
n’apparaisse pas
comme un conte démodé
ou comme un système pétrifié,
mais qu’il soit manifesté
comme une parole vivante
qui fait vivre aujourd’hui
des hommes et des femmes
parce qu’ils y trouvent
le sens de leur histoire,
la source de leurs énergies,
le secret de leur fidélité,
le ferment de leur communion.
Joseph Rozier - évêque de Poitiers en 1989
xxx
la liberté
Tant que je suis dans un chemin que je décide, je risque d'être
dans la répéti tion ou dans la réparation de ce que j'ai reçu dans
mes modèles éducatifs. “ Je fais comme ” ou “ je fais contre... ”,
mes parents, l'Église ou la société. Dès que j'entre dans un
chemin qui m'est offert, j'entre dans la liberté.
La liberté, c'est de ne pas choisi r, mais d'être choisi , et de
s'abandonner. “ Je choisis" ”est une illusion de liberté, car je
choisis toujours en fonction de comportement de réparation ou
de répéti tion. Être libre n'est pas choisi r. C'est de ne plusavoir
à choisi r. C'est accepter d'être choisi , appelé, promu, dans la
jouissance de ce que je reçois.
La vie n'est pas ce que j'en fais, mais aussi ce que j'accepte
qu'elle fasse de moi . Comment est ce que j'accepte de me laisser
surprendre et guider ?
Ce qui m'étonne, c'est que souvent les personnes pressentent
depuis longtemps où elles doivent aller, comme si elles étaient
condui tes vers ce choix mais sans avoi r été en mesure encorede
l'écouter.
Comme s'i l fallai t passer par un temps d'attente, mais aussi
d'épreuves dans son couple ou dans sa vie professionnelle, pour
enfin accéder à un choix plus juste c'est-à-di re plus conforme à
un dési r profond, à sa mission ou qui permette d'occupersavraie
place.
Trouver ce chemin de liberté, c'est le moment où i l y a
adéquation entre ce qu'i l y a de plus profond en moi et ce vers
quoi je me sens appelé.
Cette expérience d'être trouvé, rencontré, n'a parfois lieu
qu'une seule fois dans sa vie, dans des moments de crises et de
choix existentiels profonds qui réorientent toute l'existence.
C'est une invi tation à habi ter le mei lleur de soi même. C'est un
moment qui nous autorise enfin à investi r toutes nos capaci tés.
Cela nous fai t vivre une sorte de retournement, où nos forces
peuvent nous surprendre. Nous pouvons deveni r ravi , transporté
par nous-même, alors que jusque-là nous étions ti rés, retenuspar
nos peurs. C'est une expérience spi ri tuelle d'i llumination et de
conversion. C'est le moment où nous prenons conscience quenous
sommes portés dans une identi té au-delà de nous-mêmes.
C'est finalement très libérant de penser que nous ne sommes
jamais, et à la fois toujours, à la hauteur de ce vers quoi nous
pouvons êtres envoyés. Nous nous surprenons nous-mêmes.
Notre conviction ultime c'est que notre vie prend pleinementson
sens lorsque nous nous dessaisissons de notre puissance. Lorsque
nous acceptons d'être au service de l'autre et de Dieu. C'est en
devenant peti t que nous devenons grands, c'est-à-di re en
entrant dans une mission offerte que je trouve du sens.
Accepter sa mission, c'est en partie renoncer soi -même et
laisser toute la place à ce vers quoi je me sens appelé.
C'est un retournement. C'est là que je peux m'ouvri r à la liberté.
Jean-Paul Sauzède
Il est bon que je m'en aille
Il faut parfois que l'autre s'en aille,
Pour pouvoir prendre sa vraie place
Et donner le meilleur de soi.
C'est souvent quand il est parti,
Qu'on joue le risque d'oser sa vie.
Il faut parfois que l'autre s'en aille,
Pour qu'au coeur de nos arrachements,
On ait la patience d'attendre,
D'autres surgissements,
D'autres paroles, d'autres refrains.
Il faut parfois que l'autre s'en aille,
Pour donner tout ce que l'on a,
Dans les tripes et dans le coeur,
Et vivre enfin son propre destin,
A fond la caisse, à fond la vie.
Il a bien fallu, Seigneur, que tu t'en ailles,
Pour que naissent les audaces de Pierre,
Pour que surgisse la foi de Thomas,
Et peut-être qu'à notre tour aussi,
Nous puissions continuer la mission.
Robert Riber
xxx
béatitudes
Heureux ceux qui n'ont que tendresse pour résister, leurs yeux seront consolés.
Heureux ceux dont le corps est offrande et service, i ls ne rêvent pas leur vie.
Heureux ceux qui laissent parti r
et ne se séparent pas,
i ls insufflent la confiance et la liberté.
Heureux les inquiets,
i ls cuei lleront la joie à la pointe de leur attente.
Heureuses les mains qui s'ouvrent,
demain grandi ra sous leurs doigts.
Heureux ceux qui vivent des temps creux,
i ls sont au carrefour de Dieu.
Heureux ceux qui gardent des questions,
i ls percevront la place du mystère.
Suzanne SCHELL dans Traces vives
Je continue de croire que nous
vaincrons
Je refuse d'admettre l'idée que les lacunes actuelles de la
nature humaine rendent l'homme moralement incapable de
remplir les devoirs éternels qu'il doit affronter à jamais.
Je refuse d'admettre que l'humanité ne soit qu'une épave
ballottée par l'océan de la vie. Je refuse d'admettre que
l'humanité soit si tragiquement vouée à la nuit privée
d'étoiles du racisme et de la guerre, que l'aube brillante de
la paix et de la fraternité ne puisse jamais poindre.
Je refuse d'admettre l'affirmation cynique que chaque
nation tour à tour sera aspirée vers le bas par la spirale
militariste jusque dans l'enfer de la destruction
thermonucléaire.
Je crois que la vérité désarmée et l'amour désintéressé
auront le dernier mot dans le monde des réalités. C'est
pourquoi, même s'il est provisoirement bafoué, le bon droit
sera plus fort que le mal triomphant.
Je crois que, même au milieu du fracas des mortiers et du
sifflement des balles, il y a place pour l'espoir de
lendemains plus lumineux.
Je crois que la justice blessée, gisant inerte dans les rues
ensanglantées de nos nations, couverte de poussière et de
honte, peut encore être relevée pour régner en souveraine
suprême sur les enfants des hommes.
J'ai l'audace de croire que partout les peuples peuvent
avoir trois repas par jour pour nourrir leur corps, une
éducation et une culture pour nourrir leur pensée, la
dignité, l'égalité et la liberté pour nourrir leur esprit.
Je crois que des hommes inspirés par l'amour du prochain
pourront reconstruire ce qu'ont détruit des hommes
inspirés par l'amour de soi.
Je continue de croire qu'un jour viendra où l'humanité
s'inclinera devant les autels de Dieu pour recevoir la
couronne de la victoire sur la guerre et l'effusion de sang,
où la bonne volonté animée par la non-violence rédemptrice
dictera la loi sur la Terre. "Et le lion habitera avec l'agneau
et chaque homme s'assoira sans crainte sous sa propre
vigne ou son propre figuier et nul n'aura rien à redouter."
Je continue de croire que nous vaincrons.
La foi peut nous donner le courage de faire face aux
incertitudes du futur. Elle donnera à nos pieds fatiguésune
force nouvelle pour poursuivre notre route vers la cité de
la liberté. Quand nos jours seront obscurcis par la menace
de nuages bas et lourds, quand notre ciel nocturne se fera
plus noir qu'un millier de minuits, nous saurons que nous
sommes pris dans le tourbillon créateur d'une civilisation
authentique qui se débat pour naître."
Martin Luther King Extrait du discours de réception du
Prix Nobel de la paix à Oslo le 10 décembre 1964.
Que cherches-tu au dehors...
« Prie ton Père dans le secret »
Que cherches-tu au dehors, ô belle âme,
Que cherches-tu au dehors, ô belle âme,
puisque tu possèdes en toi-même tes richesses,
ta jouissance, ton rassasiement et ton royaume,
c'est-à-dire le Bien Aimé auquel tu aspires
et que tu poursuis ?
... La seule difficulté c'est que,tout en résidant en toi,
il y demeure caché...
Tu élèves une objection : « Puisque celui que
Tu élèves une objection : « Puisque celui que
j'aime habite en moi,comment se fait-il que
je ne le trouve ni le sente ?» En voici la raison.
C'est qu'il y est caché et que tu ne te caches
pas comme lui pour le trouver et le sentir.
Celui qui veut trouver un objet caché doit
pénétrer jusqu'à la profondeur où il se cache,
et lorsqu'il l'aura trouvé, lui aussi sera caché.
Ton Époux bien-aimé est le trésor caché
dans le champ de ton cœur,
ce trésor pour lequel le sage marchand a donné
tous ses biens (Mt 13,44).
Il te faudra donc pour le trouver oublier
tout ce qui t'appartient,t'éloigner de toutes les
créatures et te cacher dans la retraite
intérieure de l'esprit.Là, fermant la porte sur toi,
c'est-à-dire renonçant par la volonté à
toutes choses,« tu prieras ton Père dans le secret ».
Si tu demeures ainsi cachée avec lui,
tu le sentiras en secret,tu l'aimeras
et tu en jouiras en secret ;tu prendras
secrètement en lui tes délices,
c'est-à-dired'une manière qui surpasse
toute parole et tout sentiment.
Saint Jean de la Croix (1542-1591),
Carme, docteur de l'Église;
Cantique spirituel B,1, 8-9 (trad. Cerf 1990)