Foyer Hospitalité, maison de prière et d'accueil

Saints et saintes


Sainte Rose de Lima, 

vierge (1586-1617)

Rose naquit à Lima, au Pérou, le 20 avril 1586, et reçut au Baptême le nom d’Isabelle. Sa mère, penchée sur son berceau, ayant cru apercevoir une rose épanouie sur son visage, s’écria : « Désormais, tu seras ma "Rose"! », changement de nom qui fut confirmé par la Sainte Vierge dans une vision qu’eut plus tard la jeune fille.

La vie de cette petite sainte a été une suite ininterrompue de souffrances volontairement acceptées et héroïquement supportées. Dès son bas âge, Rose comprit que la vraie sainteté consiste avant tout à accomplir ses devoirs d’état. Une source de difficultés lui vint de concilier l’obéissance à ses parents avec la fidélité aux appels intérieurs dont le Ciel la favorisait. Elle s’ingénia à trouver le moyen d’obéir à la fois à Dieu et à sa mère. Décidée à ne chercher à plaire à personne d'autre qu’à Dieu, elle portait néanmoins une couronne de fleurs imposée par sa mère; mais elle sut y cacher à l’intérieur une aiguille qui faisait de cet ornement un instrument de supplice.

La vraie sainteté ne réside pas dans la pénitence du corps, mais dans celle du cœur, qui est impossible sans l’humilité et l’obéissance. Toutes les austérités de Rose étaient soumises à l’obéissance; et elle était toujours prête à tout abandonner. On s’étonnera que ses directeurs aient pu approuver dans une si frêle enfant d’aussi cruelles macérations; mais il faut savoir que chaque fois que des confesseurs voulurent s’y opposer, ils en furent empêchés par une lumière intérieure.

Toute la personne de Rose, défigurée par la pénitence, attirait l’attention du public et la faisait vénérer comme une sainte. Désolée, elle eut recours à Dieu, afin que ses jeûnes n’altérassent pas les traits de son visage. Chose admirable! Elle reprit son embonpoint et ses vives couleurs; ses yeux se ranimèrent. Aussi arriva-t-il qu’après avoir jeûné tout un Carême au pain et à l’eau, elle rencontra des jeunes gens qui se moquèrent d’elle en disant : « Voyez cette religieuse si célèbre par sa pénitence! Elle revient sans doute d’un festin. C’est édifiant, vraiment, en ce saint temps! » Rose en remercia Dieu.

La charité de Rose pour le salut des âmes était en proportion de son amour pour Jésus-Christ. Elle ressentait une poignante douleur en pensant aux âmes qui se perdent après avoir été si chèrement achetées. Elle pleurait sur le sort des Chinois, des Turcs et des nombreuses sectes hérétiques qui désolaient l’Europe.

Rose mourut le 24 août 1617, à l’âge de trente et un ans.

 

 

PRIÈRE A SAINTE ROSE DE LIMA 

SAINTE ROSE,    

D'abord, nous te félicitons d'avoir tant aimé Dieu 

quand tu étais sur la terre.  

Tu as enduré de grandes souffrances; et tu disais que 

le souvenir des douleurs de Jésus te rendait les tiennes 

supportables.  

Tu as aimé beaucoup les autres, surtout les malades, et 

tu les visitais souvent, par charité.  

Maintenant que tu vis dans la paix avec Dieu et tous 

ses amis déjà parvenus dans la vie éternelle, nous te 

présentons nos prières, surtout pour ceux qui souffrent 

et pour les pécheurs.  

Jadis, les sœurs de Lazare avaient envoyé des 

messagers dire à Jésus "Celui que Tu aimes est 

malade». Aujourd'hui, redis à Dieu les mêmes paroles 

pour nous, et obtiens-nous ce que nous te demandons 

avec confiance.  

Que nous sachions aussi - comme toi - offrir à Dieu 

nos soucis et nos peines, en pensant à Jésus qui disait 

dans Son Agonie: "Père, éloigne de moi ce calice de 

souffrances, mais que Ta volonté soit faite, et non la 

mienne».  

Enfin, apprends-nous à aimer les autres à cause de 

Jésus Christ.  

SAINTE ROSE, PROTÈGE-N







14 décembre

Saint Jean de la Croix,
prètre et docteur de l'Eglise

 

Sa vie

Jean de Yepes naquit en 1542, à Fontiveros, entre Salamanque et Avila, sur la meseta de Vieille Castille ; son père, de vieille lignée tolédanne, parce qu’il s’était mésallié avec la belle et vertueuse Catherine Alvarez, fut rejeté de sa famille et dut se faire marchand de soie. Après la mort du père (1544), Catherine et ses deux enfants se retirent à Arevala où Jean est tour à tour apprenti charpentier, tailleur, sculpteur sur bois et peintre. Vers 1554, la famille s’installe à Medina del Campo où Jean apprend à lire et à écrire au collège des Enfants de la Doctrine dont les religieuses lui confie la fonction de quêteur. En même temps qu’il est infirmier à l’hôpital de Las Bubas, il étudie chez les Jésuites, la grammaire et la philosophie. Après avoir refusé une chapellenie, il entre chez les frères de la Vierge, au couvent Sainte-Anne de Médina où il prend le nom de Jean de Saint-Matthias. Il poursuit ses études de philosophie à Salamanque où il fait aussi sa théologie et reçoit l’ordination sacerdotale (1568). Conquis par sainte Thérèse d’Avila qu’il a rencontrée en 1567, il travaille à la restauration de la règle primitive des Carmes et, en novembre 1568, devenu Jean de la Croix, il obtient la permission de la vivre, avec deux compagnons, à Duruelo. Il se conforme aux anciennes austérités et s’adonne à quelques prédications.

Maître des novices à Pastrana (1570), recteur du collège des étudiants carmes à Alcade de Henares (1571), de 1572 à 1577, il dirige les religieuses du carmel d’Avila. Au chapitre général des Carmes qui se tient à Plaisance, en 1575, les primitifs de Castille sont sévèrement jugés comme désobéissants, rebelles et contumaces. Dans la nuit du 3 au 4 décembre 1577, Jean de la Croix et un de ses compagnons sont enlevés pour être enfermés au monastère de Tolède où il reste neuf mois dans un cachot d’où la Vierge le fait évader quelques jours après le 15 août 1578.

Supérieur du Calvaire, près des sources du Quadalquivir, il confesse les carmélites de Beas. En 1579, il fonde le collège carme de Baeza ; en 1582, il est élu prieur du carmel des Martyrs, à Grenade où il travaille de ses mains à construire un aqueduc et un cloître ; deuxième définiteur et vicaire général de l’Ordre en Andalousie (1585), il est prieur de Ségovie (1588) mais, le chapitre général de Madrid (1591) ne lui confie aucune charge et l’envoie à Penuela ; envoyé au couvent d’Ubeda (1591), il y meurt, le vendredi 13 décembre 1591, un peu après minuit.

 


Purification

La connaissance purificatrice et amoureuse, ou lumière divine, purifie l'âme et la dispose à se l'unir parfaitement, comme le feu agit sur le bois pour le transformer en soi. Le feu matériel, appliqué au bois, commence tout d'abord à le dessécher ; il en expulse l'humidité et lui fait pleurer toute se sève. Aussitôt il commence par le rendre peu à peu noir, obscur, vilain ; il lui fait répandre même une mauvaise odeur ; il le dessèche insensiblement ; il en tire et manifeste tous les éléments grossiers et cachés qui sont opposés à l'action du feu. Finalement quand il commence à l'enflammer à l'extérieur et à l'échauffer, il le transforme en lui-même et le rend aussi brillant que le feu. En cet état le bois n'a plus l'action ni les propriétés du bois ; il n'en conserve que la quantité et la pesanteur qui est plus grande que celle du feu ; car il a déjà en lui les propriétés et les forces actives du feu. Il est sec et il dessèche ; il est chaud, et il réchauffe ; il est lumineux, et il répand sa clarté ; il est beaucoup plus léger qu'avant ; et c'est le feu qui lui a communiqué ses propriétés et ses effets.

Or nous devons raisonner de la même manière avec ce feu divin de l'amour de contemplation qui, avant de s'unir l'âme et de la transformer en soi, la purifie tout d'abord de tous ses éléments contraires. Il en fait sortir toutes ses souillures ; il la rend noire, obscure ; aussi apparaît-elle pire qu'avant, beaucoup plus laide et abominable que précédemment. Comme cette divine purification chasse toutes les humeurs mauvaises et vicieuses qui étaient très enracinées et établies dans l'âme, celle-ci ne les voyait pas ; elle ne s'imaginait pas qu'il y eût tant de mal en elle, et maintenant qu'il s'agit de les chasser et de les détruire, on les lui met sous les yeux. Elle les voit très clairement à l'éclat de cette obscure lumière de divine contemplation ; mais elle n'est pas pour cela pire en elle-même et devant Dieu. Néanmoins, comme elle voit alors en elle-même ce qu'elle n'y découvrait pas précédemment, il lui semble évident que non seulement elle est indigne du regard de Dieu, mais qu'elle mérite qu'il l'ait en horreur et que déjà elle est pour lui un objet d'horreur.

Saint Jean de la Croix






22-07-11

Marie-Madeleine, ainsi nommée en l'évangile selon saint Luc[1] parmi les femmes qui suivent Jésus depuis la Galilée, se retrouve dans les récits de la Passion et de la Résurrection. Son identité avec Marie de Béthanie et la pécheresse[2] est depuis toujours discutée. Si la chose était de nature à pouvoir être parfaitement éclaircie, elle devrait l'être à présent, puisque tant d'habiles personnages l'ont traitée.


1° La pécheresse

Invité chez un pharisien, Jésus, la Sagesse de Dieu[3], accueille les pécheurs. Sa parole révèle la puissance de l'amour et la grâce du pardon à l'homme trop préoccupé de soi et peu conscient de son médiocre amour. L'attitude de Simon se caractérise par une triple inaction, alors que la pécheresse multiplie les gestes de repentir et d'amour qui, loin d'être pour Jésus une cause de scandale, manifestent une profonde contrition ; d'elle-même elle dénoue sa chevelure[4] et vénère les pieds du Maître avec une intense émotion. L'onction des pieds est un geste extraordinaire, signe d'un amour d'une intensité exceptionnelle. Le pharisien doute du caractère prophétique de Jésus qui se laisse toucher par une pécheresse au détriment de sa propre pureté, mais Jésus connaît le cœur de cette pénitente et, délicatesse suprême, il ne lui révèle la connaissance de ses péchés qu'au moment de les lui pardonner.

Ce texte fonde la nécessité de la contrition parfaite pour la rémission des péchés et son antériorité par rapport à elle, bien que cette contrition est elle-même le fruit de la grâce prévenante du Dieu de pardon. Il souligne l'importance de la foi dans le salut du pécheur, message si utile dans la maison du pharisien. Tandis qu'elle s'en va en paix, elle porte en elle le royaume de Dieu.


2° Disciple de Jésus.

En l'évangile selon saint Luc[5], Marie, appelée la Magdaléenne, est la première nommée des femmes qui assurent la subsistance de Jésus et des Douze. Ces femmes, étroitement associées à la vie du Maître, sont avec lui, ce qui est le propre de la vocation apostolique[6], mais leur présence est un acte permanent de reconnaissance envers celui qui les a guéries d'esprits mauvais et de maladies. Marie-Madeleine est privilégiée, puisqu'elle a été libérée de sept démons[7]Le passé n'est mentionné que dans la mesure où il est vaincu par Jésus, et où l'être racheté se trouve désormais intimement lié à lui. Peut-on l’assimiler à la pécheresse ? La possession démoniaque n'est pas, de soi, synonyme de péché, mais en l'évangile selon saint Jean[8], l'équivalence est établie entre être pécheur et avoir un démon.

On la retrouve dans les récits de la Passion et peut-être avant, si on l’identifie à Marie de Béthanie. On remarque que Marie de Béthanie, comme la pécheresse et Marie de Magdala, se complait aux pieds de Jésus et connaît en même temps de grands élans d'amour ; on ne peut interpréter le deuxième verset du onzième chapitre de l'évangile selon saint Jean comme une allusion à la seule onction de Béthanie. L'unification des trois donne une cohérence certaine aux récits de la Passion. La relation entre l'onction et la mort apparaît plus étroite, si la femme qui pose un geste prophétique de grande portée, souligné par Jésus, est assimilée à celle qui est présente au pied de la croix et au tombeau.

Saint Marc[9] et saint Matthieu[10] signalent sa présence à quelque distance de la Croix, en tête des femmes qui ont suivi et servi Jésus depuis la Galilée ; l'évangile selon saint Jean[11] la place au pied de la croix près de Marie et de la femme de Cléophas. Les synoptiques la montrent au sépulcre regardant où l'on dépose le corps[12]Elles furent, pour l'Église primitive, les témoins de la réalité de cet ensevelissement et les garantes d'une connaissance exacte de l'emplacement du tombeau de Jésus. Comparée à l'attitude des apôtres au cours de la Passion[13], la présence des femmes au Calvaire témoigne d'une fidélité sans faille et d'une communion persévérante aux épreuves du Christ. Ce sont elles qui accomplissent la parole de Jésus aux disciples : Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves[14].


3° Apôtre des apôtres[15]

Les évangiles de Pâques notent la présence de Marie-Madeleine au tombeau. Marc et Luc soulignent le côté négatif de son attitude : perplexité, crainte devant le vide du tombeau. Marc achève par leur étonnant silence, tandis que Matthieu montre leur grande joie, leur hâte à remplir leur mission, et décrit une rapide apparition de Jésus : et elles de s'approcher et d'étreindre ses pieds en se prosternant devant lui[16], détail qui permet de rendre compte de la réaction de Jésus en l'évangile selon saint Jean (XX 17). Saint Marc dit qu’il est d'abord apparu à Marie de Magdala dont il avait chassé sept démons.

Ici, En l’évangile selon saint Jean, Marie quitte deux fois le tombeau pour aller vers les disciples : la première fois, d'elle-même, pour annoncer la disparition du Seigneur ; la seconde fois, envoyée en mission pour révéler la présence du Ressuscité auprès du Père et de ses frères. Son amour pour le Christ apparaît dans toute son intensité : ses pleurs, mentionnés quatre fois, révèlent la profondeur du vide qu'elle ressent et l'épaisseur de son ignorance du mystère. Elle est si préoccupée de retrouver le corps qu'elle est incapable de reconnaître le Vivant. Sa foi ne s'éveille qu'à l'écoute de son nom :Marie. Un retournement total s'opère, elle retrouve son Maître avec le désir de ne plus le quitter. Mais Jésus l'invite à dépasser l'ordre du sensible pour devenir l'annonciatrice du mystère pascal. La relation de Marie-Madeleine à son Seigneur subit ici une véritable mutation, une transfiguration dans le feu de l'Esprit : Marie est appelée à le rejoindre là où il va, auprès du Père et dans l'Eglise, avec les frères.







11-07-11

 

Saint Benoît de Nursie, (v. 480-v. 547)

    Issu d'une famille noble de Nursie, dans le centre de l'Italie, Benoît passa sa jeunesse à étudier à Rome. Choqué par la vie dissolue qui s'y menait, il se retira dans une région déserte près de Subiaco et vécut dans une grotte (baptisée plus tard la grotte sainte) pendant trois ans.
    
    Durant toute cette époque, sa réputation de saint homme grandit et le peuple en foule accourut pour le voir. Sollicité pour devenir abbé dans un monastère du nord de l'Italie, il accepta. Mais les moines, en désaccord avec les règles qu'il imposa, tentèrent de l'empoisonner. Benoît quitta la communauté et, peu de temps après, fonda un monastère au mont Cassin.
    
    Saint Benoît établit, à l'intention des moines, une règle de vie, la Règle bénédictine, dont l'expansion fut immense et qui fut reprise et codifiée par saint Benoît d'Aniane. Inspirée de l'Écriture sainte, elle recommande aux moines, qui vivent en communauté dirigée par un abbé, de respecter quatre principes essentiels : modération, gravité, austérité, douceur. La modération (discretio) est présente dans les usages quotidiens de la nourriture, de la boisson et du sommeil!; la gravité a pour corollaire le silence!; l'austérité implique l'éloignement du monde et le renoncement à la possession!; la douceur est bonté, amour évangélique, hospitalité exercée envers les humbles. Astreints à la lecture et au travail manuel, les moines doivent se consacrer au service de Dieu qui culmine dans l'office divin.
    
    Vers 540, saint Benoît établit, à l’intention des moines du monastère du mont Cassin, une règle de vie, où il organise la vie monastique d’une façon rigoureuse, tout en laissant place à l’indulgence envers les faiblesses individuelles.   L’organisation de la vie cénobitique passe par des tâches régulières et quotidiennes, rythmées par les offices. Avec la prière, le travail et la lecture deviennent un moyen pour se consacrer au service de Dieu.


Biographie

La fête de saint Benoît, célébrée le 11 juillet, est celle de la translation de ses reliques. Le corps de saint Benoît reposa d’abord au Mont Cassin qui, après le passage des Lombards, resta vide de moines. En 672, l’abbé de Fleury, Mummolus, envoya au Mont Cassin une troupe de moines, sous la conduite d’Aigulphe, pour récupérer les reliques de saint Benoît. Petronax ayant restauré le Mont Cassin, le pape Zacharie, en 750, demanda la restitution du corps de saint Benoît dont l’abbé de Fleury ne rendit qu’une part, entre 755 et 757.

La naissance de saint Benoît ne devrait pas être pour nous un simple fait d'une histoire fort ancienne, tant l’esprit de saint Benoît est toujours présent et à l'œuvre dans l'Eglise. La Règle qu'il nous a laissée et dont on a pu dire qu'elle nous donnait un reflet particulièrement pur de l'Evangile, comme le témoignage de sa vie sont pleinement actuels non seulement pour ses fils et ses filles, les moines et les moniales, mais aussi pour tous les fidèles. C'est, pour chacun d'entre nous une invitation à la prière, à la médiation des textes saints et à la charité fraternelle.

Plutôt que sur la naissance de Benoît à Nursie (vers 480), attardons-nous sur sa mort, c'est-à-dire sur sa naissance à la vie qui ne finit pas, et transportons-nous en esprit en l'an 547, sur le Mont-Cassin où Benoît s'était établi près de vingt ans auparavant après avoir été contraint de quitter ses fondations de Subiaco.

Ecoutons le saint pape Grégoire-le-Grand : Six jours avant son trépas, il ordonna d'ouvrir sa tombe, et bientôt il fut pris d'une fièvre qui l'épuisa. Le mal s'aggravant de jour en jour, le sixième il se fit porter à l'oratoire par ses disciples, et là il reçut le corps et le sang du Seigneur pour en munir son départ. Puis, appuyant ses membres affaiblis sur les bras de ses disciples, il se mit debout, les mains levées au ciel, et dans son dernier souffle murmurait des prières. Ce jour-là, deux frères, l'un en cellule, l'autre plus loin, eurent la même apparition d'une vision identique. ils virent une voie jonchée de tapis et brillant d'innombrables feux, qui, droit vers l'Orient, allait de la cellule de Benoît jusqu'au ciel. Un homme d'aspect surnaturel s'y tenait, étincelant, et leur demanda quel était ce chemin. Les disciples avouèrent ne pas le savoir ; alors il leur dit : « C'est la voie par laquelle Benoît, précieux au Seigneur, est monté au ciel. » (Dialogue, XXXVII.)

Saint Benoît a donc vécu sa mort comme une célébration de la venue et de la rencontre du Seigneur, résumé et couronnement de sa vie. Lui, qui avait fait don de toute sa vie, va recevoir la couronne de vie (Apocalypse II 10). Dans l'Office divin, Benoît avaient, chaque semaine, repris ce verset du psalmiste : Je veux te bénir en ma vie, à ton Nom élever les mains (Psaume LXIII), parole qu'il vivait en plénitude ; corps et âme tendus vers son Seigneur, au moment de la Rencontre, il incarnait le dernier des psaumes des montées qui accompagnaient le pèlerinage à Jérusalem, figure de la vie terrestre : Voici maintenant le moment de bénir le Seigneur, vous tous, les serviteurs du Seigneur, ous qui vous tenez dans la Maison du Seigneur, dans les parvis de la Maison de notre Dieu. Au long des nuits, levez vos mains vers le Sanctuaire et bénissez le Seigneur (Psaume 134).Voilà le terme de la route où Benoît attend la parole que le Seigneur avait jadis dite à Moïse : Voici une place près de moi (Exode XXXIII, 21)

Benoît meurt les bras levés et soutenus par ses disciples, attitude qui rappelle ce passage du Livre de l'Exode où Moïse sur la montagne intercédait pour Josué et tout le peuple combattant dans la plaine contre les Amlécites : Moïse, Aaron et Hur étaient montés sur le sommet de la colline. Or, tant que Moïse tenait ses bras levés, Israël était le plus fort. Quand il les laissait retomber, Amalek avait l'avantage. Comme les bras de Moïse étaient engourdis, ils prirent une pierre et la déposèrent sous lui. Il s'assit dessus tandis qu'Aaron et Hur lui soutenaient les bras, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Ainsi les bras de Moïse ne fléchirent plus juqu'au coucher du soleil. Josué décima Amalek et ses gens par le fil de l'épée (Exode XVII 10-13).

Ce texte, traditionnellement, sert de référence lorsqu'on veut évoquer le rôle des contemplatifs, et ce n'est pas un hasard si saint Grégoire a retenu le récit du miracle de la source jaillie de la montagne : trois monastères perchés sur la montagne n’avaient pas de source, Benoît qui, après avoir longuement prié, avait disposé trois pierres et dit aux frères :Allez ; vous trouverez sur un rocher trois pierres superposées. Creusez un peu, et vous verrez que le Dieu Tou-Puissant sait tirer de l'eau, même au sommet de la montagne, pour vous épargner ce chemin difficile. Nul doute que, pour saint Grégoire, saint Benoît soit un nouveau Moïse. Moïse, guidé par Dieu, n'avait-il pas fait jaillir, dans le désert, l'eau du rocher (Nombres, XX, I sq.) ?Or Benoît n’est un nouveau Moïse, que parce que, disciple du Christ, il possède en plénitude l’Esprit Saint qui avait animé Moïse et tous les prophètes.

Ce geste coutumier des orants qui fut celui de saint Benoît au moment de sa mort est aussi un rappel de la croix qui nous sauve. C'est le geste du Christ qui étendit les mains à l'heure de sa passion, afin que soit brisée la mort, et que la Résurrection soit manifestée.

Ce dernier épisode de la vie terrestre de saint Benoît est riche de plusieurs enseignements. Il nous apprend tout d'abord, que c'est à chaque instant que nous avons à préparer, amoureusement, notre rencontre avec le Seigneur et que, pour ce faire, il nous faut prier sans cesse, comme nous y invite saint Paul, pour être dans la joie et dans la paix. Cependant, saint Benoît, Sachons que nous serons exaucés non dans un flot de paroles, mais dans la pureté du cœur... (Règle, XX) et encore : Hâtons-nous de faire maintenant ce qui doit nous avancer pour l'éternité. Saint Benoît, par sa mort, nous enseigne aussi à ne pas être pleins de tristesse comme ceux qui n'ont pas d'espérance (1 Thessaloniciens IV, 13). Le Seigneur est affranchit de la mort, et dans le mystère de sa Résurrection, chaun de nous est déjà ressuscité.

 

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Sainte Elisabeth de Portugal



4 juillet

Sainte Elisabeth du Portugal



Biographie

Née en 1271, probablement à Saragosse, Isabelle (ou Elisabeth) est la dernière des six enfants de Pierre III d'Aragon[1] et de Constance, petite-fille de Frédéric II. L’enfant reçoit au baptême le nom de sa grand-tante, sainte Elisabeth de Thuringe (ou de Hongrie), que le pape Grégoire IX a canonisé en 1235[2]. Lors de sa naissance, son père n'est encore qu'infant d'Espagne, constamment opposé à son père, Jacques I°[3] . La naissance d'Isabelle permet la réconciliation familiale. En effet, Pierre confie l’enfant à Jacques I° qui, pendant cinq ans (1271-1276), veille tendrement sur sa petite-fille. Devenu cistercien, l'aïeul qui n'est nullement gâteux mais lucide, surnomme sa chère Isabelle par une appellation prémonitoire : « mon bel ange de la paix. » L'existence entière de l'enfant confirmera ce diagnostic.

En 1283, l'adolescente est demandée en mariage par les princes héritiers d'Angleterre et de Naples, et aussi par le roi Denis de Portugal[4] pour qui opte la chancellerie espagnole. Après avoir magnifiquement accueilli sa jeune fiancée à Bragance, résidence de la cour, le prince paraît d'abord filer le parfait amour, d’autant plus qu’Elisabeth lui donne deux enfants : Constance[5] (3 janvier 1290) et Alphonse (8 févier 1291), prince-hériter du royaume[6].

Premier des rois-organisateurs, Denis promeut une parfaite mise en valeur de ses états : plantation de pins pour construire une flotte puissante, développement rationnel du commerce et de l'industrie. Prenant ses distances envers la Castille, il crée à Lisbonne, l'Estudo geral, embryon de l'université future. Sa nationalisation des ordres militaires deCalatrava et de Santiago conforte l'unité de son royaume. En 1312, il transforme et rénove les Templiers en Ordre du Christ.

Cependant, un surnom infâmant lui est attribué : Denis, le faiseur de bâtards ; juste reproche. De fait, souverain intelligent et éclairé, bon administrateur autant que brave soldat, bon, pondéré et juste, le roi Denis laisse échapper ses sens dans une sexualité débridée. Et pourtant, il chérit son épouse qu’il trompe régulièrement : « C'est plus fort que moi, avoue-t-il à Elisabeth, pourtant, je vous aime. » La noble offensée lui rétorque : « Certes, vous m'offensez et j'en pleure. Pourtant, c'est le divin amour que vous bafouez. Devant lui, nous sommes unis à jamais. »

Autant pour se faire pardonner que par bonté, le roi Denis permet que sa femme distribue d'opulentes aumônes que les courtisans reprochent à leur reine : « Vous en faites trop, Majesté, certains vous comparent à une bonne poire que l'on savoure à volonté. » Elle répond : « Ami, je ne puis entendre les gémissements de tant de pauvres mères et la voix des petits-enfants. Je ne puis voir les larmes des vieillards et les misères de tant de pauvres gens sans m'employer à soulager les malheurs du pays. Les biens que Dieu m'a confiés, je n'en suis que l'intendante, pour secourir toutes détresses. » Plus encore, la reine prend soin des enfants illégitimes de son époux. On s'exclame autour d'elle : « N'est-ce pas un comble ? » L'interpellée fournit ses motivation, couronnées d'excuses sublimes : « Ces bâtards du roi sont des petits innocents. Je leur procure donc bonnes nourrices et chrétienne éducation. Sans doute ai-je mal su retenir mon mari qui est pourtant si bon ! »

Atteint de jalousie morbide, le Roi est irritable, furieux à l'excès par crises subites. Fâché contre lui-même, le malheureux croit devoir séquestrer la Reine au château d'Alemquer. « Vous êtes plus mère qu'amante en me préférant votre fils. » Alors que les courtisans plaignent l'exilée, elle leur répond : « La divine providence veillera parfaitement sur mes intérêts. Je les lui abandonne. Finalement, Dieu saura faire éclater mon innocence et enlever de l'esprit du roi, mon seigneur, les mauvaises impressions que j'ai pu lui causer. » De fait, le colérique pour cause d'incontinence, s'excuse bientôt à genoux et la comble de cadeaux : « La ville de Torres-Vedras en Estrémadure, sur le fleuve côtier Sizandro, sera votre propriété. Que ce don témoigne de ma repentance pour les peines dont je vous ai abreuvée. »

Un jour d’hiver le roi Denis en colère, avise son épouse dont il croit le tablier rempli de pièces d'argent destinées aux pauvres. Il l’arrête brusquement lui ordonne : « Ouvrez votre tablier, Madame, et découvrez votre fardeau. » Au lieu de l'argent qu'il escomptait récupérer, le roi découvre des fleurs magnifiques, spécialement des roses épanouies, totalement hors-saison. Honteux et confus, il s'excuse mais demeure songeur : « Je croyais bien trouver de l'argent destiné aux gueux. J'ai trouvé une brassée de belles fleurs, largement épanouies en plein hiver. Mon épouse serait-elle une sainte ? » A cause de ce miracle des fleurs, elle sera représentée : tablier ouvert sur une jonchée de roses.

En 1315, un page, gracieux et vertueux, admire respectueusement la reine dont il est le secrétaire. Un autre page, envieux, dit au souverain : « Majesté, ne seriez-vous pas enclin à croire que ce jeune et dévoué serviteur de votre gracieuse épouse, suscite en elle plus d'attention affectueuse que ne le permet la loi divine ? » Le roi Denis qui s'estimetrompeur trompé, en éprouve un si vif dépit qu’il projette de faire mourir son rival. Lors d'une promenade à cheval, le roi Denis qui passe près d'un four à chaux, dit au chef du chantier : « Attention mon ami ; affaire d'état ! Demain matin, se présentera devant vous l'un des mes pages. De ma part, il vous posera la question : Avez-vous exécuté l'ordre du roi Denis ? Assurez-vous de sa personne et jetez-le dans votre four. »

Le lendemain, le roi Denis avise le page dévoué à la reine : « Tu sais où se trouve le four à chaux proche du palais. Vas-y et, sur place, interroge les responsables : Avez-vous exécuté les ordres du roi Denis ? Ensuite, reviens vite m'apporter leur réponse. » Le page se met en route sur le champ, mais passant devant une église où la cloche, annonce l'élévation, il entre et s'attarde dans le sanctuaire. Au palais, le souverain s'impatiente ; une voix intérieure insinue : « Tes ordres ont-il été exécutés ? Il faudrait t'en assurer ! » Le roi appelle un serviteur qui est justement le calomniateur et lui ordonne : « Prends un bon cheval dans nos écuries et galope jusqu'au four à chaux qui jouxte nos domaines. Là, tu interrogeras les ouvriers par le simple mot-de-passe : Avez-vous exécuté les ordres du roi Denis ? » Dès son arrivée sur le chantier, il demande : « Avez-vous exécuté les ordres du roi Denis ? » Il est saisi et jeté au feu sans autre forme de procès.

Quand survient le pieux page, réconforté par sa longue halte priante, on lui répond : « Travail accompli. Sa majesté sera satisfaite. » Le vertueux page rentre au palais. Sidéré, le roi Denis lui dit : « Tu en as mis du temps pour exécuter cette mission de confiance. Qu'est-il arrivé ? » Le page répond : « Sire, veuillez me pardonner. » Le Roi ordonne : « Mais encore : explique-toi franchement. » Et le page de répondre : « Voilà mon excuse, Sire, veuillez l'accepter. » Le roi insiste : « Je te somme de me dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité. » Le page répond : « Mieux vaut tout vous avouer, voici l'affaire. A vos ordres, je faisais diligence lorsque, passant près d'une église où l'on célébrait la messe, j'entendis la clochette de l'élévation. J'entre et attends la fin. Ensuite, j'assiste une seconde, puis à une troisième messe. En effet, mon père mourant me fis jurer sur son lit de mort : Beau fils, sois fidèle à la tradition des trois messes à la suite. Dieu te protègera ! » Enfin, le roi demande : « Ensuite, bien sûr, tu es allé au four à chaux. » Et le page répond : « Certes et rapidement. Là les ouvriers me confièrent le message qui vous rassurera : Travail accompli. Sa majesté sera satisfaite. »

Honteux d'avoir pu causer la mort d'un homme par jalousie, le roi Denis s'exclame : « le doigt de Dieu est là. » Converti, il s'applique à réparer ses erreurs passées. Quant au page, il comprend parfaitement qu'un autre est mort à sa place, à cause de son providentiel retard. Les courtisans disent au Roi : « Après tout, le calomniateur est puni. La divine justice y a pourvu. »

En 1317, le prince-héritier Alphonse, marié à l'infante de Castille, craignant d'être supplanté par les bâtards de son père, fomente une conspiration contre Denis et s'avance avec une armée. Elisabeth s'interpose : « Fils bien-aimé, renoncez à cet affrontement. Je ferai tout pour préserver vos droits. De plus, quant au fond, votre père n'est-il pas juste et bon ? » Bientôt, la réconciliation est accomplie, et Jean XXII félicite la souveraine : « Vous êtes admirable d'avoir pu réconcilier votre époux et votre fils, tellement montés l'un contre l'autre ! »

Bientôt, elle obtiendra la réconciliation de Ferdinand IV, roi de Castille avec Alphonse de Cerda, son cousin germain, qui se disputent la couronne. Elle réconciliera aussi Jacques II, roi d'Aragon, son propre frère, avec le roi de Castille, son gendre. Toujours apaisante et tutélaire, la reine de Portugal arrange les affaires et réconcilie les antagonistes. Son talent de pacificatrice est tellement connu et reconnu que le bon peuple s'y repose : « Tant que vivra Dame Elisabeth, nous vivrons en paix. » De fait, ce charisme d'apaiseuse s'exerce jusqu'au seuil de l'éternité.

En 1324, le roi Denis tombe gravement malade et son épouse s'applique à bien le préparer à la mort : « Somme toute, Majesté, les rois ne sont que les bergers de leur peuple. Ensemble, détestons nos péchés. Ils nous seront remis par la divine Bonté qui nous ouvrira les portes du ciel. » L'année suivante, à Santarem, sur la rive droite du Tage, meurt saintement le roi Denis.

La reine Elisabeth qui rappelle souvent le conseil de saint Paul[7], assiste aux funérailles solennelles de son époux et accompagne le corps jusqu'au monastère cistercien d'Odiversa, sépulture royale. Pour le salut de son mari, elle fait un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle où elle offre au sanctuaire la couronne d'or qu'elle avait portée le jour de son mariage. Ensuite, elle voudrait se retirer du monde au couvent de Coïmbre[8], dont elle était la seconde fondatrice pour finir sa vie, mais elle recule par charité réaliste et, sans trêve ni relâche, secourt les pauvres et travaille à établir ou rétablir la paix. Elisabeth prend toutefois l'habit du tiers-ordre de Saint-François, et se contente d'habiter une maison proche du monastère, vivant elle-même selon la règle du tiers-ordre. Ayant obtenu du Saint-Siège le privilège d'entrer dans le cloître, elle va souvent chez les moniales pour s'entretenir avec elles[9]. Dans sa maison il y a toujours cinq religieuses du monastère avec lesquelles elle prie, récite l'office et vit en communauté. Elle le fait à pied, déjà âgée de soixante-quatre ans, un deuxième pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, demandant l'aumône en route.

Alors qu’elle vient de fonder à Lisbonne le couvent de la Trinité, le premier sanctuaire où l'on vénère l'Immaculée Conception, et qu'elle y fait ses dévotions, on lui annonce subitement : « Noble dame, nouveau malheur ! La guerre paraît imminente entre Alphonse IV, roi du Portugal, votre fils et Alphonse XI, souverain de Castille, votre neveu. » A cette nouvelle, la sexagénaire décide : « Partons immédiatement pour Extremoz : il faut rétablir la concorde. » Ce qui fut dit, fut fait. Une fois encore, succès de la fine diplomate. Cette bien-avisée meurt irradiée de joie d'avoir pu éviter le conflit. Elle résume sa dernière démarche par une exclamation qui constitue son mot-de-passe pour l'éternité : « Procedamus un pace » (avançons en paix !)

Apprenant peu après que son fils Alphonse et son petit-fils, le roi de Castille, entraient en guerre, elle se rendit à Estremoz chez son fils. A peine arrivée, elle tomba malade. Béatrice tient affectueusement la main de sa belle-mère, lorsqu'elle sent une légère pression et entend un appel : « Approchez donc un siège, mamie. » La princesse répond : « Mais il n'y a personne pour l'occuper. » La Reine réplique : « Sûrement que si, en effet, j'aperçois une belle dame radieuse, vêtue d'une robe éclatante de blancheur. Elle vient me chercher. Je la reconnais : c'est Marie, mère de tout grâce. » Ce furent ces dernières paroles (4 juillet 1336).

Le corps de la reine Elisabeth, transféré d'Estremoz à Coïmbre, est déposé au monastère des Clarisses où le peuple pieux, en foule, le vénère. En 1520, à la demande du roi Manuel I° de Portugal[10], le pape Léon X autorise le culte, dans le diocèse de Coïmbre ; trente ans après, Paul IV l’étend à tout le royaume. En 1612 on retire du tombeau de marbre le corps entier d'Elisabeth, enseveli dans un drap de soie et placé dans un coffret de bois précieux recouvert de cuir : le visage de la sainte reine est encore régulier et souriant. Alphonse, évêque de Coïmbre, édifie une splendide chapelle. On y dépose les restes de la souveraine, dans une magnifique châsse d'argent massif. Canonisée par Urbain VIII le 25 mai 1625, Elisabeth suscite grande dévotion et se trouve exaltée par de nombreux panégyristes. La fête qui avait été transférée du 4 juillet au 8 juillet, par Innocent XII (1695) fut de nouveau fixée au 4 juillet par Paul VI.



[1] Pierre III leGrand (né en 1239) fut roi d'Aragon (1276-1285) et roi de Sicile (1282-1285). Fils de Jacques I° d’Aragon, il acquit des droits sur les anciennes possessions des Hohenstaufen en Italie par son mariage avec Constance, fille de Manfred, roi de Sicile, et héritière des Hohenstaufen (1262). Il accueillit à la cour d'Aragon les chefs siciliens dressés contre la tyrannie angevine, tels Roger de Lauria et Jean de Procida, et fut l'instigateur des Vêpres siciliennes (30 mars 1282) qui renversèrent la domination française. Dès le 4 septembre 1282, il s'emparait du pouvoir à Palerme et prit en Sicile le nom de Pierre I°. Charles d'Anjou obtint du pape Martin IV l'excommunication de Pierre III, et organisa une croisade d'Aragon (1284-1285) qui, menée par Philippe III le Hardi, roi de France, se termina par la victoire de l'Aragonais. Pierre lII avait fait de l'Aragon la pre­miè­re puissance de la Méditerranée occidentale, et c'est avec lui que commença l'intrusion de l'Espagne dans les affaires ita­lien­nes. En Aragon, il se trouva aux prises avec l'opposition de la no­blesse et des villes, qui obtinrent de lui le Grand Privilège (1283). Il mourut à Villafranca del Panadès (Catalogne) le 10 novembre 1285.

[2] Sainte Elisabeth de Thuringe (ou de Hongrie) est fêtée le 17 novembre.

[3] Jacques I° le Conquérant (né à Montpellier, en 1208), fils et suc­cesseur de Pierre II, fut roi d'Aragon de 1213 à 1276. Il conquit sur les Maures les royaumes de Valence (1238) et de Murcie (1266) ; il conquit et annexa les îles Baléares (1229-1335). Au trai­té de Corbeil (1258), saint Louis renonça aux comtés de Bar­ce­lone et de Roussillon, tandis que Jacques I° re­nonçait à toute prétention au-delà des Pyrénées, excepté Montpellier. Un de ses fils, Pierre III, régna sur l'Aragon, un autre Jacques I°, régna sur Majorque. Jacques I° qui écrit la chronique de son règne, mourut à Valence le 27 juillet 1276.

[4] Denis I° est le fils et le successeur du roi Alphonse III de Portugal qui mourut à Libonne le 16 novembre 1279.

[5] Constance épousera Ferdinand IV l’Ajourné (1289-1312), roi de Castille et de Léon (1295-1312) ; elle meurt en 1313.

[6] Alphonse IV le Brave fut roi d’Aragon de 1325 à 1357.

[7] « Que tout se fasse avec bienséance et dans l'ordre » (première épître de saint Paul aux Corinthiens, XIV, 10),

[8] La reine Elisabeth avait acquis l’église et le couvent inachevés qu’une chanoinesse de Saint-Jean-des-Dames avait voulu établir sur la rive gauche du fleuve ; elle y installa une communauté de Pauvres Dames de Sainte-Claire, venue de Zamora. L’église fut consacrée en 1330.

[9] « Publicas et privatas identidem ad eas adhortationes habebat », disent les textes de la relation faite au consistoire secret d'Urbain VIII, le 13 janvier 1625.

[10] Manuel I° le Grand ou le Fortuné (né en 1469) était le fils du duc Ferdinand de Viseu qui appartenait à une branche cadette de la maison de Portugal. En 1495, le roi Jean II étant mort sans enfant légitime, Manuel lui succéda sur le trône du Portugal. Il soutint activement les grandes explorations maritimes : sous son règne que Vasco de Gama doubla le cap de Bonne-Espérance et que Cabral aborda au Brésil (1500). Il fit de sa cour un grand centre d'activité littéraire et scientifique réforma les lois, bannit les Juifs et les Maures qui s'étaient réfugiés au Portugal après la prise de Grenade. On appela « manuélin » le style qui in­troduisit de la Renais­sance dans l'architecture portugaise (châ­teau de Cintra, église du Christ à Setubal, cloître de Belem). Par sa politique de mariages Manuel espérait assurer à ses héri­tiers la couronne d’Espagne Il mourut à Lisbonne le 13 décembre 1521




Saint Antoine de Padoue

Frère mineur, docteur de l'Église (+ 1231)

Né à Lisbonne, ce contemporain de saint François d'Assise s'appelait en réalité Fernando. De famille

 noble aux traditions militaires, il entra tout jeune chez les Chanoines Réguliers de Saint Augustin à Coïmbra où il fut ordonné prêtre. En 1220, quand les restes des premiers martyrs franciscains furent

 ramenés du Maroc au Portugal, il entra chez les Frères Mineurs et prit le prénom d'Antoine. Il désirait lui aussi aller au Maroc afin d'y mourir martyr. Tombé malade pendant le voyage, il dut rentrer en Europe. 
En 1221, il est à Assise au chapitre de l'Ordre et ses frères découvrent alors ses talents de prédicateur et de théologien. Ayant remplacé "au pied levé" un prédicateur empêché, il étonne ses frères qui, désormais, l'envoient prêcher plutôt que de balayer. Avec la permission de saint François, il enseigne à Bologne, Toulouse, Montpellier et Limoges. A Brive-la-Gaillarde, on conserve même le souvenir des grottes où il se retira quelque temps dans la prière solitaire. C'est aussi dans cette ville qu'il retrouva miraculeusement un manuscrit dérobé, y gagnant du même coup sa spécialité posthume pour lui faire retrouver les objets perdus. En 1229, il est élu provincial de l'Italie du Nord. 
La fin de sa vie est dominée par la prédication où il excelle. Il se trouve à Padoue pour prêcher le Carême en 1231. C'est là qu'il meurt d'épuisement à 36 ans, dans cette ville qui le vénère et qui lui donne son deuxième nom, saint Antoine de Padoue. Il est "Docteur de l'Église", mais la piété populaire préfère en lui l'intercesseur efficace.
Il a été nommé saint patron du Portugal en 1934 par le pape Pie XI.
Site officiel de saint Antoine de Padoue
Les Franciscains s’installent aussi à Limoges... très modestement. Saint Antoine de Padoue vient et réside quelque temps à Limoges. Il prêche en Limousin et va fonder le couvent des frères mineurs à Brive. (Les ordres mendiants et militaires - diocèse de Limoges)
Antoine dit de Padoue (1195-1231) Natif du Portugal, il fut un très grand prédicateur franciscain, canonisé dès 1232 mais déclaré docteur de l'Église seulement en 1946. Son culte, qui se développe largement à partir du XVIe siècle, se répand plus tardivement dans le Poitou, à la fin du XIXe, sous l'impulsion notamment des prédicateurs capucins: la célébration solennelle à Saint-Porchaire de Poitiers, en 1893, en est une date clé. Il est généralement représenté tenant un livre sur lequel repose l'Enfant Jésus. Vêtu de la bure, les reins ceints d'une corde - de là le nom des Cordeliers autrefois donné aux franciscains - il est couvert du manteau brun à capuchon. (diocèse de Poitiers- quelques saints)
La catéchèse de l'audience générale du 10 février 2010 a été consacrée à "l'un des saints les plus populaires de l'Église catholique". Né à Lisbonne en 1195, Antoine fut d'abord chanoine augustin avant de se faire franciscain pour partir au Maroc comme missionnaire. La maladie l'ayant fait rentrer en Italie, il développa dans ce pays une intense activité apostolique. Mort à Padoue en 1231, il fut canonisé l'année suivante par Grégoire IX. 
Benoît XVI a expliqué combien saint Antoine "a fortement contribué au développement de la spiritualité franciscaine grâce à sa grande intelligence, à son sens de l'équilibre, à son zèle apostolique et à sa ferveur mystique... Il fut l'un des premiers grands théologiens des Frères Mineurs pour ne pas dire le premier". Saint Antoine a composé un cycle de sermons pour le dimanche, un autre consacré aux saints, proposant ainsi un parcours spirituel tellement riche que Pie XII le proclama en 1946 Docteur de l'Église, en lui attribuant le titre de Docteur évangélique car ses semons reprenaient toute la fraîcheur et la beauté de l'Évangile". Dit de Padoue ou de Lisbonne, Antoine définit la prière "comme une relation d'amitié où l'homme dialogue avec le Seigneur", l'articulant en quatre dispositions indispensables: ouvrir avec confiance son cœur à Dieu, lui parler avec affection, lui confier nos attentes, le louer et le remercier. Cet enseignement résume la théologie franciscaine, "la centralité de l'amour divin qui s'ouvre à la sphère affective et à la volonté cordiale, qui est aussi source d'un connaissance spirituelle qui dépasse toutes les connaissances".
Le Docteur évangélique, a ajouté Benoît XVI, connaissait bien les défauts de la nature humaine, et "la tendance à tomber dans le péché. Il exhortait sans cesse à combattre l'inclination à l'avidité, à l'orgueil et à l'impureté... Au début du XIII siècle, dans un contexte de renaissance des villes et du commerce, le nombre des personnes insensibles aux pauvres s'accroissait. Ainsi invitait-il les fidèles à rechercher l'amitié des pauvres et la véritable richesse, celle du cœur". Cet enseignement "est tout aussi valable aujourd'hui, face à la crise économique, aux inégalités qui appauvrissent tant de personnes et accroissent la pauvreté. Puis le Pape a souligné un autre des aspects saillants de la théologie franciscaine, le christocentrisme, qui "invite à réfléchir aux mystères de l'humanité du Seigneur, principalement la Nativité et la Crucifixion. "La vue du Crucifié inspirait à Antoine une immense gratitude envers Dieu, mais aussi de l'estime pour la dignité de la personne humaine, grâce à laquelle croyant comme incroyant peut trouver un sens enrichissant à sa vie". Le Saint-Père a rappelé "l'importance du crucifix pour notre culture et pour l'humanisme découlant de la foi chrétienne... C'est parce que Dieu nous considère importants que nous devons être dignes des souffrances" du Christ.
Le Pape a conclu en sollicitant l'intercession de saint Antoine en faveur de l'Église, et en particulier des prédicateurs. "Suivant son exemple, puissent-ils unir ensemble une saine doctrine, une piété sincère et rigueur de discours. En cette Année sacerdotale, prions afin que prêtres et diacres accomplissent leur ministère avec conscience, annonçant en l'actualisation la Parole de Dieu auprès des fidèles, surtout dans les homélies liturgiques". (source: VIS 100210 540) 

Mémoire de saint Antoine, prêtre et docteur de l’Église. Né à Lisbonne, il était chanoine régulier lorsqu’il entra dans l’Ordre des Mineurs, récemment fondé. Il pensait aller chez les peuples d’Afrique pour propager la foi, mais c’est en Italie et dans le midi de la France qu’il exerça avec beaucoup de fruit le ministère de la prédication, en attirant un grand nombre à la vraie doctrine. Il écrivit des sermons pénétrés de doctrine et de douceur et, sur l’ordre de saint François, enseigna à ses frères la théologie à Padoue, où il mourut en 1231

 

Prière à Saint Antoine de Padoue


Patron de ceux qui se confient à vous, Grand SAINT ANTOINE de Padoue, je viens vous demander non l'abondance et non pas aussi la pauvreté, craignant que l'une ne m'entraîne à la vanité et l'autre à l'impatience, au chagrin et au désespoir. Mais je vous demande une honnête suffisance des choses nécessaires à l'entretien de ma vie et de ma famille.

Je suis composé de corps et d'âme ; le corps a besoin de nourriture et de vêtements ; la grâce nécessaire à l'âme pour vivre d'esprit et servir DIEU qui Est Esprit.

Tous deux sont exposés à beaucoup d'infirmités. SAINT ANTOINE de Padoue, Père des pauvres, assistez-moi, délivrez-moi de tout ce qui peut me nuire de l'un et de l'autre. Amen

 
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Vendredi 29 avril 2011

vendredi 29 avril 2011

Ste Catherine de Sienne, Docteur de l'Église et co-patronne de l'Europe (1347-1380) - Fête en Europe



Sainte Catherine de Sienne  
Docteur de l'Église et co-patronne de l'Europe
(1347-1380)

            Catherine, l'une des saintes les plus merveilleuses qui aient paru sur la terre, naquit à Sienne, de parents vertueux, mais qui pourtant, chose incroyable, se firent longtemps ses persécuteurs et entravèrent, autant qu'il leur fut possible, sa vocation religieuse.

        Dès l'âge de cinq ans, elle ne montait les escaliers de la maison paternelle qu'à genoux, récitant l'Ave Maria à chaque degré. Vers cette époque, elle eut une apparition de Notre-Seigneur, qui lui révéla tous les secrets de la vie parfaite.

        Un jour, l'admirable enfant, se prosternant dans sa chambre, pria la très Sainte Vierge de lui donner son divin Fils pour Époux, et dès lors elle ne songea qu'à la vie religieuse, qui passionnait noblement son âme. Comme ses parents voulaient la marier, Dieu leur fit comprendre par différents signes extraordinaires que leur fille devait rester vierge ; malgré tout, ils persistèrent à la retenir dans le monde. Catherine ne se découragea pas ; elle se fit comme une cellule au fond de son cœur, où elle trouvait toujours son Bien-Aimé.

        C'est alors que commença pour elle une vie de telles austérités, que les Vies des Saints nous offrent peu de pareils exemples : disciplines, châssis de fer, cilice, privation de nourriture et de sommeil, elle n'ignora rien de tous ces martyres volontaires ; elle en vint à ne dormir qu'une demi-heure en deux nuits, ce fut la mortification qui lui coûta le plus. C'était une lutte continuelle entre la mère et la fille, la tendresse de l'une voulant éviter à l'autre ce martyre de chaque jour, la passion de la souffrance chez l'une rendant inutile l'humaine compassion de l'autre.

        De guerre lasse, il fallut enfin laisser partir au couvent cette fille si chérie et si longtemps maltraitée : Catherine entra chez les religieuses de Saint-Dominique. Dès lors sa vie devint de plus en plus étonnante. Elle eut quelques tentations pénibles pour son âme angélique ; le Sauveur, pour la récompenser de la victoire, lui apparut couvert des ignominies de sa Passion :   " Où étiez-vous donc, Seigneur, pendant ce terrible combat ?   - Ma fille, j'étais dans ton cœur, et je me réjouissais de ta fidélité. "

        Dans une de ses apparitions, le Sauveur ôta le cœur de la poitrine de sa servante et mit le Sien à sa place. Une autre fois, elle reçut les stigmates du divin Crucifié. Souvent, au moment de la communion, l'Hostie s'échappait des mains du prêtre pour voler vers la bouche de Catherine.

        Sa vie entière fut un miracle. Dieu permit qu'elle exerçât une immense influence sur son époque, et qu'elle contribuât pour beaucoup à la cessation du grand schisme d'Occident.

        Elle mourut à l'âge de trente-trois ans.



Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
 
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Vendredi 29 avril 2011

Louis Marie Grignion de Montfort est né le 30 janvier 1673 à Montfort-sur-Meu. Il a pour parents Jean Baptiste Grignion et Jeanne Robert, demoiselle des Chesnais (en Ille-et-Vilaine), mariés le 10 février 1671 dans l'ancienne église de Toussaints à Rennes. Louis Marie Grignion de Montfort est baptisé le 1er février 1673 dans l'église Saint-Jean de Montfort. Le 16 juillet 1675, ses parents achètent la propriété du Bois-Marquer en Iffendic et s'y installent. En 1685, Louis Marie Grignion de Montfort vient d'atteindre sa douzième année. Ses parents décident de l'envoyer au collège Saint-Thomas-Becket de Rennes et le placent en pension chez son oncle, l'abbé Alain Robert de la Vizeule, prêtre de la paroisse Saint-Sauveur. Le directeur spirituel du jeune étudiant est le Père Descartes, neveu du philosophe. Mais celui qui exerce le plus d'influence sur notre collégien est le Père Gilbert, saint religieux, qui terminera sa vie dans les missions où il évangélisera les "nègres" de la Martinique et des Caraibes. Aux yeux de ses camarades, Louis Marie Grignion de Montfort est un élève très pieux.

 

Bretagne : missionnaire Louis Marie Grignion de Montfort

Il reste au collège de Rennes jusqu'en 1693 puis se rend au séminaire de Saint-Sulpice à Paris où il séjourne de 1695 à 1700. Louis Marie Grignion de Montfort est promu à l'ordre de prêtrise, le samedi des "Quatre Temps de la Pentecôte" de l'année 1700 (5 juin 1700), par messire Jean Hervieu Bazan de Flamenville, évêque de Perpignan. C'est à l'âge de 27 ans et à l'autel actuel de la Sainte-Vierge, en l'église Saint-Sulpice, qu'il célèbre sa première messe, le 5 juin 1700.

De 1700 à 1703, Louis Marie Grignion de Montfort est à la recherche d'un champ d'apostolat. Son premier ministère est à Nantes, dans la communauté saint Clément où il reste jusqu'en octobre 1701.  Il se rend ensuite à Poitiers comme aumônier à l'Hôpital Général. Il fait la connaissance de  Marie Louise Trichet (béatifiée en 1993). Avec elle, il fonde les "Sœurs de la Sagesse", le 2 février 1703. A Pâques de la même année, il se rend à Paris à l'Hôpital de la Salpêtrière jadis fondé par saint Vincent de Paul. Il va loger en solitaire dans la rue du Pot de Fer, logis très pauvre où il reste près d'un an. Il met à profit cette solitude pour méditer et prier. C'est probablement à cette époque qu'il écrit "L'amour de la Sagesse éternelle". 

L'archevêque de Paris, informé de sa sainteté, lui confie la mission délicate de réformer les ermites du Mont-Valérien. Mais à Poitiers, les pauvres ne l'ont pas oublié et le rappellent. Revenu dans cette ville au début du carême 1706, on lui signifie plus tard son congé. Mais sa vocation est ailleurs et il le sent de plus en plus : c'est de prêcher et instruire le long des routes pour relever la Maison du Seigneur qui tombe en ruines. Reçu en audience le 6 juin 1706 par le Pape Clément XI, il revient en France avec le titre de « Missionnaire apostolique » : " Vous avez, Monsieur, un assez grand champ en France pour exercer votre zèle. N'allez point ailleurs. Et travaillez toujours avec une parfaite soumission aux évêques dans les diocèses où vous serez appelé.". Quittant donc l'hôpital, Louis Marie Grignion de Montfort se met à prêcher des missions dans la ville et aux environs. Dieu lui envoie un auxiliaire dans la personne d'un jeune homme qui s'attache à lui et qui, sous le nom de Frère Mathurin, fera le catéchisme pendant cinquante ans dans les missions avec lui et ses successeurs. 

Les dix dernière années de sa vie, Louis Marie Grignion de Montfort sillonne l'Ouest de la France, de paroisses en paroisses pour prêcher 72 missions. Il met ses missions sous la protection de "sa bonne Mère", la Très Sainte Vierge, et du grand guerrier céleste, l'archange Saint-Michel. En compagnie du Frère Mathurin, il se dirige d'abord vers Notre-Dame des Ardilliers, près de Saumur. Sur sa route, il s'arrête à l'abbaye de Fontevrault qui abrite sa soeur Sylvie, religieuse converse. Puis continuant son voyage, le Père de Montfort atteint Angers. Les deux voyageurs débarquent au Mont-Saint-Michel, le 28 septembre 1706. Du Mont-Saint-Michel, le missionnaire se rend à Rennes, où chaque matin, accompagné du Frère Mathurin, il célèbre la messe tantôt à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, tantôt à Notre-Dame de la Paix, mais le plus souvent à l'hôpital. Il se dirige ensuite vers Dinan, où il rencontre son frère Joseph-Pierre, religieux dominicain, admis au noviciat en 1695 et ordonné prêtre en 1698. Il donne ensuite une mission à Saint-Suliac, puis à Bécherel où il est amené à porter la parole de Dieu dans la maison de la Porte-Berthault. Vers la fin de l'année 1706, il y prêche "la retraite dit Grandet".

Bretagne : Louis Marie Grignion de Montfort

Louis Marie Grignion de Montfort s'associe ensuite de 1707 à 1708 à un groupe de missionnaires dirigé par Dom Jean Leuduger (1649-1722), chanoine scolastique de la cathédrale de Saint-Brieuc et fondateur de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit. Louis Marie Grignion de Montfort ne tarde pas à se révéler comme une des meilleures recrues de son armée de missionnaires. Pendant sept à huit mois, Louis Marie Grignion de Montfort prêche dans les paroisses de Baulon, Le Verger, Merdrignac, Montfort (au diocèse de Saint-Malo), à la Chèze, Plumieux, Saint-Brieuc, Moncontour (dans le diocèse de Saint-Brieuc). De 1708 à 1710, il exerce sa mission en compagnie du Frère Mathurin et du Frère Jean, dans le pays nantais et ses environs (Nantes, Valet, La Chevrolière, Vertou, Saint-Fiacre en décembre 1708, Campbon le 13 février 1709, Crossac, Ponchâteau d'avril à mai 1709, Bouguenais, Besné, la Chapelle-des-Marais, Missillac, Herbignac, Camoël, Assérac,  ....). Son action puissante sur les âmes, ses initiatives audacieuses étonnent ses confrères et font éclater sa sainteté aux yeux de la population.  

Note 1 : Louis Marie Grignion de Montfort apportait une attention particulière à la bonne tenue des édifices religieux et des cimetières. Le cimetière de Saint-Donation (à Nantes) possédait une antique chapelle dédiée à saint Etienne. Il y plaça une statue de Notre-Dame des Coeurs, qui resta longtemps en vénération, et fonda la Confrérie de Marie, reine des Coeurs. Dans cette même chapelle, le Père Grignion de Montfort bénit, le 21 juin 1710, une cloche qu'il nomma Anne-Marie, du nom de la marraine, Anne Rogier de Crévy, marquise de la Tullaye, et du parrain, qui n'était autre que lui-même. Au registre des signatures figurent les noms de Louis-Marie de Montfort, de Michel de la Gasselinais, le curé, d'Anne Rogier de Crévy, la marraine, puis des membres de la société de Notre-Dame des Coeurs : Mme veuve Dauvaise et sa fille Elisabeth, Prudence Fouchard, Marguerite Charrier, Mme Jean Faverolles. 

Note 2 : Entre 1709 et 1711, Louis Marie Grignion de Montfort prend en charge la construction du Calvaire de Pontchâteau ("C'est  la croix qui a racheté le monde, c'est la croix qui sauve les âmes".), annoncée durant sa mission à Pontchâteau au mois de mai 1709. D'après la tradition, le terrain d'abord choisi, se trouvait près de la chapelle de Sainte-Reine, sur la paroisse de Rochefort-en-Crévy. Le calvaire est édifié en août 1709. Mais par ordre du roi (décision influencée par Guischard de la Chauvelière, sénéchal du duc de Coislin), le Calvaire est démoli. En effet, dès le 7 septembre 1710, M. de Torcy notifie, de Marly à M. de Châteaurenault, l'ordre du roi. C'est M. de Lannion, lieutenant général de Nantes qui reçoit la pénible mission de présider à la démolition du Calvaire, mais, pris de remord, il se dérobe. L'exécution de la consigne est alors confiée à M. d'Espinose, commandant de la milice de Pontchâteau. L'oeuvre de reconstruction est reprise en 1747. En 1793, les "patriotes" essayent d'incendier le Calvaire après l'avoir saccagé. La seconde restauration du Calvaire est entreprise au début du XIXème siècle, en 1821, par M. Gouray, curé de Pontchâteau. 

En 1711, le Père de Montfort est appelé par l'évêque de la Rochelle, Mgr Etienne de Champflour (ancien élève, comme Grignion de Montfort, de Saint-Sulpice, à Paris). Vers le début du carême 1711, Louis Marie Grignion de Montfort quitte le diocèse de Nantes pour se rendre à Garnache, au bord du marais vendéen (à noter que l'armée vendéenne se lèvera un siècle plus tard pour défendre sa foi, l'image du Sacré-Coeur sur la poitrine et le chapelet à la main). Sur la paroisse de Garnache, se trouvait une chapelle en ruines, dédiée autrefois à saint Léonard. Le missionnaire entreprend de la restaurer et la dote d'une statue de la Sainte Vierge qu'il appelle "Notre-Dame de la Victoire". Le 11 mai, il quitte, en compagnie du Frère Mathurin, Luçon pour gagner La Rochelle où l'évêque lui confie l'évangélisation de la ville. A la fin de l'année 1711 et au début de 1712, Louis Marie Grignion de Montfort prêche sans doute quelques missions dans les campagnes. C'est alors que Mgr de Lescure lui demande d'aller évangéliser l'île d'Yeu. La mission terminée, il se rend, vers Pâques, à Nantes, désireux d'encourager les oeuvres qu'il avait établies dans cette ville. En effet selon la promesse faite l'année précédente, Grignion de Montfort est à La Garnache le 5 mai 1712 pour bénir la chapelle Notre-Dame de la Victoire. Dès le soir de l'Ascension, Montfort ouvre une mission à Sallertaine, paroisse voisine, où il restaure une chapelle sous le vocable de Notre-Dame de Bon-Secours. D'autre part sur le terrain de la paroisse, un plateau avait autrefois servi de cimetière et dans ce lieu, cher encore à la piété des fidèles, Montfort souhaite reproduire quoique moins grandiose, le calvaire de Pontchâteau"L'emplacement était bien choisi. Dominant le bourg et terminé par un rocher abrupt, le monticule avait déjà de l'allure. Il suffirait de quelques terrassements pour l'aménager. Au bas, le Père creusa le Saint-Sépulcre. Au-dessus, on construisit la chapelle de Saint-Michel. Et au sommet, bien en vue, on planta la croix, dont les trois branches portaient un grand chapelet enchaîné à l'entour du Christ" (dit le P. Besnard). Mais, le gouverneur de La Rochelle, M. de Chamilly, malgré sa bienveillance à l'égard de Louis Marie Grignion de Montfort, se laisse circonvenir et ordonne la destruction du "prétendu fort" qui était en fait le Calvaire. Le  11 juin 1712, ignorant le repos, Louis Marie Grignion de Montfort prend la route de Saint-Christophe-du-Ligneron. En juillet 1712, le Père de Montfort est de retour à La Rochelle. Une personne pieuse lui fait don d'une pauvre demeure dans le quartier de Saint-Eloi : ce sera son ermitage. A plusieurs reprises il s'y retire dans l'intervalle de ses travaux apostoliques. Il y passe vraisemblablement une partie de l'automne de 1712, occupé à composer le célèbre "Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge". Dès le début de l'hiver, les missions l'appellent : les paroisses de Thairé (en octobre 1712), Saint-Vivien, Esnandes, Courçon (en janvier 1713), Beugnon, Bressuire, Argenton-Château, Séguinière (en mai 1713) l'entendent tour à tour. 

Au début de 1713, Louis Marie Grignion de Montfort rédige la " Règle des missionnaires de la Compagnie de Marie", un engagement par vœu de pauvreté de chasteté et d'obéissance. Louis Marie Grignion de Montfort part ensuite, en juillet 1713, pour Paris afin de rencontrer les supérieurs de la communauté du Saint-Esprit. En effet au milieu de ses labeurs dans le diocèse de La Rochelle, l'homme de Dieu ne perd pas de vue le projet (dont il rêve et qui doit être l'oeuvre principale de sa vie) de fonder une société de missionnaires. Plusieurs élèves du séminaire du Saint-Esprit (situé jadis rue Neuve Sainte-Geneviève, appelé, aujourd'hui, rue Tournefort) suivront le Père Montfort et feront partie de la Compagnie de Marie (Jacques Le Vallois, MM. Vetel, Thomas, Hédan, Besnard, ...). A Paris, Grignion de Montfort reste missionnaire : son temps il l'emploie à l'apostolat, et dans ses visites, dans ses rencontres, il ne cesse de prêcher la Sainte Vierge, et surtout la dévotion au Rosaire. Fin août 1713, le Père Montfort s'éloigne de Paris où il avait passé deux mois. L'avenir de sa société de missionnaires semblait assuré. 

A son retour de Paris, l'homme de Dieu traverse Poitiers où une autre famille spirituelle l'attend, les Filles de la Sagesse avec Marie Louise de Jésus et Catherine Brunet qu'il avait connues sept ans auparavant, à quelques jours près. Au mois d'août 1713, il atteint la paroisse de Mauzé, sur les confins du diocèse de La Rochelle. 

Note 3 : Dès 1711, nous affirment ses biographes (dont l'historien Pauvert), le Père Louis Marie Grignion de Montfort publie un premier recueil (in-18 de 120 pages) : il s'agit d'un volume comprenant cinq fascicules différents qui peut se séparer : le premier traite des vertus chrétiennes, le deuxième et le troisième renferment des cantiques de mission, le quatrième des cantiques pour le Sacré-Coeur. Il met au point aussi une "Méthode pour convertir les protestants". C'est aussi à La  Rochelle que le Père Montfort fait imprimer, chez Louis Bourdin, un ouvrage d'une vingtaine de pages : "Dispositions pour bien mourir". Ce dernier opuscule comprend quatre parties : - les dispositions, - les oraisons pour l'Extrême-Onction, - les sept paroles de Jésus en croix, - le testament spirituel.

Dans les premiers mois de 1714, Louis Marie Grignion de Montfort parcourt, en conquérant spirituel, les paroisses de l'île d'Oléron, de Saint-Christophe, Vérines, Saint-Médard, Le Gué-d'Alléré, Saint-Sauveur, Nuaillé, La Jarrie, Croix-Chapeau, Marennes,"répondant partout la semence de la divine parole qu'il arrosait de ses sueurs et qu'ils cultivait par ses exemples, et qui croissait toujours plus à l'ombre de la croix" (dit le P. Besnard). Au mois de mai 1714, en route pour un voyage à Rouen, le bon Père Grignion de Montfort s'arrête à Roussay (non loin de de La Séguinière), à Rennes, à Avranches, à Saint-Lô, à Caen (en septembre 1714). Le long voyage en Normandie occupe les quatre mois de l'été de 1714. 

A son retour, Louis Maris Grignion de Montfort passe à Rennes, à Aigrefeuille et à Nantes. Ce n'est guère avant novembre 1714 que le Père Grignion de Montfort regagne La Rochelle. Au début de l'hiver, il reprend ses courses apostoliques et évangélise successivement Loiré, Le Breuil-Magné, l'île d'Aix, Saint-Laurent-de-la-Prè et Fouras. Après avoir prêché la mission de Taugon-la-Ronde, en mars 1715, et installé les Filles de la Sagesse à La Rochelle, Louis Marie Grignion de Montfort remonte dans le bocage vendéen, au mois d'avril 1715. A part quelques échappées à Nantes et à La Rochelle pour consolider ses oeuvres diverses, c'est là qu'il va travailler jusqu'à la fin de sa vie. Le 19 avril 1715, il ouvre une mission à Saint-Amand-sur-Sèvre. Il rédige aussi la "Règle des Filles de la Sagesse" au mois de juillet 1715 (approuvées par Mgr de Champflour, le 1er août 1715). Il est à Fontenay, le dimanche 25 août 1715. Un autre ermitage du Père Louis Marie Grignion de Montfort est la grotte de Mervent où il séjourne à trois époques assez rapprochées, en juin, en septembre, et en octobre 1715. Entre temps, il se met à prêcher les missions de Mervent, de Fontenay-le-Comte et de Vouvant. C'est à Saint-Pompain vraisemblablement que le serviteur de Dieu apprend la mort de son père, Jean Baptiste Grignion, décédé le 21 janvier 1716, à Couascavre, près de l'Abbaye-en-Breteil, à l'âge de 69 ans. Une mission se déroule au mois de février 1716 à Villiers-en-Plaine. 

Note 4 : le missionnaire apostolique, envoyé par Clément XI à travers la France, s'emploie, en vrai fils de l'Evangile, à prêcher les "grandes vérités" : son programme de sermons, précieusement conservé parmi ses manuscrits, en  fournit la preuve. Cependant, il se plait, dans ses instructions de piété, à propager la dévotion du Rosaire. Il emporte de Bretagne la coutume d'expliquer l'enseignement religieux à l'aide de tableaux. Il en possède quinze, sous forme de bannières ou d'étendards, qui représente les mystères du rosaire. Une des oeuvres les plus fructueuses de Grignion de Montfort à La Rochelle, est l'établissement des "écoles charitables", car "tout ce qui était faible attirait les tendresses de son coeur : les pauvres, les malades, les enfants" : la principale occupation de M. de Grignion est d'établir au cours de ses missions des écoles chrétiennes pour les garçons et pour les filles (une des règles fondamentales est la gratuité absolue). Parmi les âmes religieuses qui lui sont chères, la première place revient à l'ancienne petite préférée de la famille Grignion, Louise-Guyonne, devenue Soeur Catherine de Saint-Bernard, chez les Bénédictines de Rambervillers.

Il prêche sa dernière retraite à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée) le 5 avril 1716. C'est là qu'il rend l'âme le 28 avril 1716 (suite à une pleurésie aiguë), à l'âge de 43 ans, et qu'il est enterré le 29 avril 1716 ("On l'inhuma, dit le P. Besnard, dans la chapelle de la Sainte Vierge, à main gauche, proche de la balustrade"). Sur son tombeau sont gravées deux épitaphes : l'une brève, en français, envoyée par M. Barrin, vicaire général de Nantes, l'autre assez longue en latin est attribuée à M. Jean Baptiste Blain ou au marquis de Magnannes, des amis intimes de Louis Marie Grignion de Montfort. L'épitaphe  en français, envoyé par M. Barrin, est ainsi conçue :"Ici repose le corps de M. Louis Marie Grignion de Montfort, excellent missionnaire, dont la vie a été innocente, dont la pénitence a été admirable, dont les discours remplis de la grâce du Saint-Esprit ont converti un nombre infini d'hérétiques et de pêcheurs, dont le zèle pour l'honneur de la Très Sainte Vierge et l'établissement du Saint Rosaire a persévéré jusqu'au dernier jour de sa vie. Il est mort en faisant la mission dans cette paroisse, le 28 avril 1716. Pour gage de sa tendresse, Messire Barrin, chantre, chanoine dignitaire et grand vicaire de la cathédrale de Nantes". Voici l'épitaphe latine, gravée sur la table de marbre noir qui recouvre le tombeau du saint : "- Quid cernis, viator? Lumen obscurum, Virum caritatis igne consumptum, - Omnibus omnia factum, Ludovicum Mariam Grignion de Montfort. Si vitam petis, nulla integrior, - Si poenitentiam, nulla austerior, Si zelum, nullus ardentior, Si pietatem in Mariam, Nullus Bernado similior. - Sacerdos Christi, Christum moribus expressit. Verbis ubique docuit, Indefessus nonnist in feretro recubuit. - Pauperum pater, Orphanorum patronus, Peccatorum reconciliator, Mors gloriosa vitae similis, Ut vixerat devixit. Ad coelum Deo maturus evolavit. - Anno Domini MDCCXVI obiit, XLIII aetatis suae" ("- Que regardes-tu, passant ? Un flambeau éteint, Un homme que le feu de la charité a consumé, Qui s'est fait tout à tous, Louis Marie Grignion de Montfort. Si tu t'informes de sa vie, aucune n'a été plus pure, -  De sa pénitence, aucune plus austère, De son zèle, aucun plus ardent, De sa dévotion envers Marie, Personne n'a mieux ressemblé à saint Bernard. - Prêtre du Christ, sa vie a retracé celle du Christ, Sa parole a prêché partout le Christ, Infatigable, il ne s'est reposé que dans le cercueil. - Il a été le père des pauvres, Le défenseur de l'orphelin, Le réconciliateur des pêcheurs, Sa glorieuse mort a ressemblé à sa vie, Comme il avait vécu, il cessa de vivre. Mûr pour Dieu il s'est envolé pour le ciel. - Il mourut en l'an du Seigneur 1716, A l'âge de 43 ans").   

L'église béatifie Louis Marie Grignion de Montfort le 22 janvier 1888 et Pie XII le déclare saint en 1947. A noter que le procès de canonisation s'est terminé, le 11 janvier 1942.

Saint Montfort est reconnu aujourd'hui comme fondateur de trois congrégations religieuses : les Pères Missionnaires Montfortains appelée à l'origine "Compagnie de Marie", les Filles de la Sagesse et les Frères Saint-Gabriel.

Note 5 : la Compagnie de Marie : Louis Marie Grignion de Montfort savait profiter des circonstances providentielles pour inviter les âmes à le suivre. Il décida le Frère Mathurin, son premier disciple, à l'aider dans ses missions. Il pourra inscrire dans son testament quatre autres noms de Frères : Nicolas, Philippe, Louis et Gabriel, qui formaient le premier noyau de sa famille religieuse. Trois autres coadjuteurs qui le suivaient, Mathurin, Jacques et Jean, n'étaient liés par aucun voeu. Au jour de sa mort, le serviteur de Dieu avait auprès de lui, comme missionnaires, deux disciples qui ne faisaient que commencer leur formation religieuse : le premier est Adrien Vatel, du diocèse de Coutances, et le deuxième est René Mulot, frère du curé-prieur de Saint-Pompain, né à Fontenay-le-Comte, et appartenant au diocèse de La Rochelle. 

Note 6 : les Filles de la Sagesse : La famille Trichet, famille de huit enfants profondément chrétienne, était établie à Poitiers. Le chef de famille était procureur au siège présidial de la ville. L'aîné des garçons, Alexis, sera le fils spirituel de Grignion de Montfort. A l'époque où l'abbé Grignion commença son ministère à l'hôpital de Poitiers, Marie Louise Trichet avait 17 ans. La pieuse fille aspirait à la vie religieuse. Louis Marie Grignion de Montfort, son confesseur, fit confectionner à Mlle Trichet, un habit très simple et modeste, de couleur gris cendré. Il le bénit, et, assisté d'un prêtre, il en revêtit Mlle Trichet en disant : "Tenez, ma fille, prenez cet habit : il vous gardera et vous sera d'un grand secours contre toutes sortes de tentations. Vous portez le nom de Marie-Louise , ajoutez-y celui de Jésus que vous choisissez aujourd'hui comme votre unique partage. C'est ainsi que vous vous appellerez désormais". Cette vêture eut lieu le 2 février 1703 et Marie LouiseTrichet avait dix-neuf ans. C'étaient les prémices de sa congrégation que le fondateur voulait offrir à Dieu par Marie, en souvenir de l'offrande de la Sagesse éternelle, faite par la Sainte Vierge au Temple de Jérusalem. Avec Marie Louise de Jésus, Catherine Brunet faisait partie, à l'hôpital de Poitiers, de cette association de piété composée d'infirmes, et que Grignion de Montfort avait nommé "la Sagesse". Catherine Brunet ne recevra l'habit religieux que bien des années après, des mains de M. Dubois, aumônier, délégué à cet effet par le fondateur, et prendra le nom de Soeur de la Conception. C'est finalement Marie Louise de Jésus que Dieu choisit pour être à la tête de cette communauté naissante. Marie Louise de Jésus meure le 28 avril 1759, au lieu, au mois, à l'heure où Grignion de Montfort avait expiré. Les filles de la Sagesse se multiplièrent jusqu'à devenir une importante congrégation de l'Eglise du Christ.

Note 7 : La Communauté du Saint-Esprit  : Les frères montfortains de Saint-Gabriel, que l'on appelle aussi plus simplement les Frères de Saint-Gabriel, se rattachent par leurs origines à Louis-Marie Grignion de Montfort. Le siège de son gouvernement est à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée) où Louis Marie Grignion de Montfort mourut et fut inhumé. Le septième supérieur est le père Gabriel Deshayes (1767-1841). Il entre dans la compagnie de Marie à 53 ans. Au XIXème siècle, la congrégation des frères va se développer sous l’impulsion du Père Gabriel Deshayes qui ouvre des écoles pour les sourds et les aveugles. Les pères se multiplient et plus encore les frères, qu'il décide de diviser en deux groupes. Les uns restent avec les pères et sont leurs auxiliaires pour des tâches temporelles ou pastorales. Les autres, plus nombreux, sont destinés à l'enseignement. La maison principale que leur donne Gabriel Deshayes à Saint-Laurent-sur-Sèvre est appelée Saint-Gabriel en son honneur, et l'on prend vite l'habitude d'appeler ses habitants "Frères de Saint-Gabriel". Ce nom, qui remplace le premier, "Frères du Saint-Esprit", deviendra officiel quand les frères seront autorisés à enseigner par toute la France par un décret de l'empereur Napoléon III, le 3 mars 1853. La mission des frères de Saint-Gabriel est principalement l’éducation chrétienne des enfants et des jeunes. Au XXème siècle les frères se sont établis dans une trentaine de pays. Aujourd’hui ils sont particulièrement présents en Asie (Inde…) et en Afrique.

lundi 30 mai 2011


Sainte Jehanne d’Arc : « Messire Dieu, premier servi »

SAINTE JEANNE D'ARC

Vierge, Libératrice de la France

(1412-1431)


Sainte Jeanne d'Arc montre une fois de plus, et d'une manière particulièrement éclatante, deux choses: combien Dieu aime la France et comme il est vrai qu'Il Se plaît à choisir les plus faibles instruments pour l'accomplissement des plus grandes choses.


Jeanne d'Arc naquit à Domremy, dans la Lorraine actuelle, le 6 janvier 1412; ses parents, Jacques d'Arc et Isabelle Romée, étaient des cultivateurs faisant valoir leur petit bien. La première parole que lui apprit sa mère fut le nom de Jésus; toute sa science se résuma dans le Pater, l'Ave, le Credo et les éléments essentiels de la religion. Elle approchait souvent du tribunal de la pénitence et de la Sainte Communion; tous les témoignages contemporains s'accordent à dire qu'elle était "une bonne fille, aimant et craignant Dieu", priant beaucoup Jésus et Marie. Son curé put dire d'elle: "Je n'ai jamais vu de meilleure chrétienne, et il n'y a pas sa pareille dans toute la paroisse."


La France était alors à la merci des Anglais et des Bourguignons, leurs alliés; la situation du roi Charles VII était désespérée. Mais Dieu Se souvint de Son peuple, et afin que l'on vît d'une manière évidente que le salut venait de Lui seul, Il Se servit d'une humble fille des champs. Jeanne avait treize ans quand l'Archange saint Michel lui apparut une première fois, vers midi, dans le jardin de son père, lui donna des conseils pour sa conduite et lui déclara que Dieu voulait sauver la France par elle. Les visions se multiplièrent; l'Archange protecteur de la France était accompagné de sainte Catherine et de sainte Marguerite, que Dieu donnait à Jeanne comme conseillères et comme soutien.


Jusqu'ici la vie de Jeanne est l'idylle d'une pieuse bergère; elle va devenir l'épopée d'une guerrière vaillante et inspirée; elle avait seize ans quand le roi Charles VII, convaincu de sa mission par des signes miraculeux, lui remit la conduite de ses armées. Bientôt Orléans est délivrée, les Anglais tremblent et fuient devant une jeune fille. Quelques mois plus tard, le roi était sacré à Reims.


Dans les vues divines, la vie de Jeanne devait être couronnée par l'apothéose du martyre: elle fut trahie à Compiègne, vendue aux Anglais, et après un long emprisonnement, où elle subit tous les outrages, condamnée et brûlée à Rouen (30 mai 1431). Son âme s'échappa de son corps sous la forme d'une colombe, et son coeur ne fut pas touché par les flammes.


L'Église a réhabilité sa mémoire et l'a élevée au rang des Saintes. Jeanne d'Arc demeure la gloire de la France, sa Protectrice puissante et bien-aimée. Elle a été déclarée sa Patronne secondaire par un Bref du Pape Pie XI, le 2 mars 1922.

Priere

Sainte Jeanne d'Arc, votre martyre est la grande victoire de Dieu sur nos ennemis. Intercédez, du Royaume des Cieux, pour que nous soyons préservés des guerres contre notre pays et des assauts contre notre foi. Que la France se souvienne qu'elle est la Fille Aînée de l'Eglise.





Charles de Foucauld (Frère Charles de Jésus) naquit à Strasbourg, en France, le 15 septembre 1858. Orphelin à six ans, il fut élevé, avec sa soeur Marie, par son grand-père, dont il suivit les déplacements dus à sa carrière militaire.

Adolescent, il s'éloigna de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révéla cependant une volonté forte et constante dans les difficultés. Il entreprit une périlleuse exploration au Maroc (1883-1884). Le témoignage de la foi des musulmans réveilla en lui la question de Dieu:  "Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse".

De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille profondément chrétienne, il se mit en quête. Guidé par un prêtre, l'abbé Huvelin, il retrouva Dieu en octobre 1886. Il avait 28 ans. "Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui".

Un pèlerinage en Terre Sainte lui révéla sa vocation:  suivre Jésus dans sa vie de Nazareth. Il passa sept années à la Trappe, d'abord à Notre-Dame des Neiges, puis à Akbès, en Syrie. Il vécut ensuite seul dans la prière et l'adoration près des Clarisses de Nazareth.

Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il partit au Sahara, d'abord à Beni-Abbès, puis à Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus loin, "les plus délaissés, les plus abandonnés". Il voulait que chacun de ceux qui l'approchaient le considère comme un frère, "le frère universel". Il voulait "crier l'Évangile par toute sa vie" dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au milieu desquels il vivait. "Je voudrais être assez bon pour qu'on dise:  Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître?".

Le soir du 1 décembre 1916, il fut tué pas une bande qui avait encerclé sa maison.

Il avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d'autres:  après avoir écrit plusieurs règles religieuses, il pensa que cette "vie de Nazareth" pouvait être vécue partout et par tous. Aujourd'hui, la "famille spirituelle de Charles de Foucauld" comprend plusieurs associations de fidèles, des communautés religieuses et des instituts séculiers de laïcs ou de prêtres.






 

Image illustrative de l'article Benoît-Joseph Labre

 

16 avril

Saint Benoît-Joseph Labre

 Biographie

 "Pour aimer Dieu..."



Biographie

Aîné des quinze enfants de paysans aisés d'Amettes (Pas-de-Calais), Benoît-Joseph Labre, né le 26 mars 1748, après avoir fréquenté l'école de son village, fit quelques études auprès d'un de ses oncles paternels, curé de Erin ; attiré par la prière et la solitude, il voulut d'abord être trappiste, mais devant l'opposition de sa famille, il renonça pour entrer chez les Chartreux du Val-Sainte-Aldegonde. Agité, soumis aux tentations et à l'angoisse, les Chartreux ne le gardèrent pas ; il essaya sans plus de succés la Grande Trappe, la chartreuse de Neuville et l'abbaye de Sept-Fons où il reçut l'habit (novembre 1769).

Passé en Italie, il comprit que Dieu l'appelait à la solitude totale et, dans une pauvreté absolue, il entreprit un vaste pélerinage à travers tous les lieux vénérés d'Europe. A part un pélerinage à Lorette, il passa les six dernières années de sa vie à Rome, dans les ruines du Colisée ; ramassé évanoui sur les marches de l'église de la Madona dei Monti, il fut recueilli dans l'arrière-boutique d'un boucher où il mourut le Mercredi Saint, 16 avril 1783. Enseveli à gauche du maître-autel de la Madona dei Monti, Dieu permit plus de cent miracles par son intercession ; son confesseur, l'abbé Marconi, publie sa biographie (1783) et l'abbé Stuter collationne ses souvenirs en Suisse, en Allemagne et en Franche-Comté (1789). Béatifié par Pie IX en 1860, il est canonisé par Léon XIII le 8 décembre 1881.



"Pour aimer Dieu"

Pour aimer Dieu convenablement il faut trois cœurs en un seul.

Le premier doit être tout de feu envers Dieu et nous faire penser continuellement à Dieu, parler habituellement de Dieu, agir constamment pour Dieu, et surtout supporter avec patience le mal qu'il lui plaît de nous envoyer pendant toute la durée de notre vie.

Le second doit être tout de chair envers le prochain et nous porter à l'aider dans ses besoins temporels par les aumônes, et plus encore dans ses besoins spirituels par l'instruction, le conseil, l'exemple et la prière ; il doit surtout s'attendrir pour les pécheurs, et plus particulièrement pour les ennemis, et demander au Seigneur de les éclairer pour les amener à la pénitence ; il doit aussi être plein d'une pieuse compassion pour les âmes du purgatoire, afin que Jésus et Marie daignent les introduire au lieu du repos.

Le troisième doit être tout de bronze pour soi-même et faire abhorrer toute sorte de sensualité, résister sans relâche à l'amour de soi, abjurer la volonté propre, châtier le corps par le jeûne et l'abstinence, et dompter toutes les inclinations de la nature corrompue : car plus vous haïrez et plus vous maltraiterez votre chair, plus grande sera votre récompense dans l'autre vie.





 

bakhita

Sainte Joséphine Bakhita

La petite Mère noire

1869-1947

Fête le 8 février

 

"J'avais neuf ans, raconte Bakhita elle-même, quand un matin, très tôt, je suis allée avec une compagne me promener dans les champs, un peu à l'écart de notre habitation. Soudain, nous avons vu surgir au-delà d'une petite vallée deux étrangers… L'un d'eux m'a attrapée brusquement d'une main, tandis qu'avec l'autre il tirait un couteau de sa ceinture, qu'il a pointé contre mes épaules et d'une voix forte a dit: "Si tu cries, tu mourras. Allons!"


J'étais pétrifiée par la terreur et je n'ai réussi ni à crier ni à pleurer".Ainsi commence la description que Bakhita fera de sa vie. Le choc a été tellement fort qu'elle oubliera pour toujours son vrai nom et celui de sa famille et de son village. On sait qu'elle était originaire du Darfour, de l'ethnie Dahou et qu'elle est née en 1869. Ses ravisseurs l'ont appelé Bakhita, "heureuse". Elle a été conduite jusqu'aux grands marchés du nord, d'abord à El Obeid et ensuite à Khartoum. Le même itinéraire avait été parcouru par sa sœur aînée quelques années auparavant.


Bakhita a été vendue et achetée quatre fois. Inutile de tenter d'échapper. Elle se souvenait de la colère des différents patrons, qui se traduisait toujours en coups de fouets. Un jour, après une altercation avec sa femme, un patron a fait fouetter Bakhita, en même temps qu'une autre esclave, par des soldats. "Ils nous ont laissées, raconte-t-elle dans sa brève biographie, baignées de sang". Le fouet lui avait même arraché la chair d'un muscle et causé une profonde plaie.


La cruauté de la fille du patron n'était pas moindre. En voyant que Bakhita et d'autres esclaves n'avaient pas encore de tatouage, elle appela une femme experte qui tailla 144 signes dans son corps. Quelques années plus tard, elle dira: "Je crois que je ne suis pas morte par un miracle du Seigneur, qui me destinait à des choses meilleures".

Le patron de Bakhita se préparait à retourner en Turquie. Avant de quitter la capitale soudanaise, il mit aux enchères ses esclaves. Pour Bakhita c'était la cinquième vente. "Cette fois-ci j'ai eu de la chance, raconte Bakhita, parce que le nouveau patron était très bon et a commencé à m'apprécier: pas d'insultes, ni de punitions, ni fouet".

Son nouveau patron s'appelait Calixte Legnani. C'était un commerçant italien qui, depuis juillet 1880, était aussi un agent consulaire de son pays. Bakhita est restée chez lui pendant deux ans. En 1884, à l'approche de l'armée mahdiste, les étrangers abandonnèrent Khartoum. Legnani emmena Bakhita avec lui jusqu'en Italie.

Elle est déclarée libre. A Venise elle entre en contact avec les Filles de la Charité, connues comme Sœurs Canossiennes. Le 9 janvier 1890 elle reçoit le baptême. Peu à peu elle se sent attirée par la vie religieuse et son idéal de perfection: "J'ai vécu dans la boue, mais je ne me suis jamais salie", dira-t-elle un jour en parlant de sa vie d'esclave. Le 8 décembre 1896 elle fait sa première profession.


En 1902 Sr. Bakhita rejoint la communauté que la congrégation a ouverte à Schio, une petite ville de province de Vicenza. Elle y reste, presque sans interruption, jusqu'en 1947, année de sa mort, en faisant avec grande générosité les travaux les plus ordinaires: cuisine, buanderie, réception. En 1931 sort un livre intitulé: Histoire merveilleuse. Ce livre, qui raconte la vie de Bakhita et qui montre ses photos, connaît un grand succès. Des gens de toutes les régions d'Italie affluent à Schio pour voir la sœur soudanaise. En se voyant l'objet de tant d'admiration Bakhita dit: "Je suis une grande bête! Une bête rare et tous veulent me voir!"

 

Elle rend gloire à Dieu d'avoir l'occasion d'approcher tant de gens. 
Pendant la guerre 1940-45 la ville de Schio est la cible de plusieurs bombardements. Aux Sœurs qui l'invitent à se réfugier dans le souterrain de la maison, elle dit: "Non, je n'ai pas peur, je suis dans les mains de Dieu. Il m'a libérée des mains des lions, des tigres et des panthères, ne voulez-vous pas qu'il me sauve aussi des bombes?"

Elle assure d'ailleurs qu'aucune bombe ne tombera sur l'école des religieuses ou sur les maisons de Schio. En effet, la ville n'est pas touchée. 
Elle accepte avec une joyeuse sérénité la maladie qui rend sa respiration difficile et sa marche pénible.

 

A une religieuse qui l'assiste, elle confie: "Je m'en vais lentement, lentement, pas à pas vers l'éternité. Jésus est mon capitaine et moi, je suis son assistante. Je dois porter les valises. L'une contient mes dettes, l'autre, plus lourde, les mérites infinis de Jésus. Que ferai-je devant le tribunal de Dieu? Je couvrirai mes dettes avec les mérites de Jésus et je dirai au Père Éternel: maintenant juge ce que tu vois… Au ciel j'irai avec Jésus et j'obtiendrai beaucoup de grâces. Je viendrai te visiter dans tes rêves si le Patron me le permet. Au paradis j'aurai du pouvoir et j'obtiendrai pour tous beaucoup de grâces…"

La Mère Noire - ainsi l'appelaient affectueusement les gens qui la connaissaient - s'éteint le 8 février 1947. Béatifiée le 17 mai 1992, elle a été déclarée sainte le 1er octobre 2000.

 


 

 

25 avril(saint du jour)

Saint Marc l'évangéliste

Historique

L'auteur du deuxième évangile ne se nomme pas, mais certains ont cru pouvoir l'identifier au jeune homme qui s'enfuit lors de l'arrestation du Seigneur : Et un jeune homme le suivait, un drap jeté sur son corps nu. Et on l'arrête, mais lui, lâchant le drap s'enfuit tout nu (évangile selon saint Marc XIV 51-52).

D'après Jean le Presbytre dont le témoignage rapporté par Papias (évêque d'Hiérapolis en Phrygie vers le premier quart du II° siècle) est cité par Eusèbe de Césarée dans un passage de son Histoire ecclésiastique (Livre III, chapitre XXXIX, 15) :

Voici ce que le presbytre disait : Marc, qui avait été l'interprète de Pierre, écrivit exactement tout ce dont il se souvint, mais non dans l'ordre de ce que le Seigneur avait dit ou fait, car il n'avait pas entendu le Seigneur et n'avait pas été son disciple, mais bien plus tard, comme je disais, celui de Pierre. Celui-ci donnait son enseignement selon les besoins, sans se proposer de mettre en ordre les discours du Seigneur. De sorte que Marc ne fut pas en faute, ayant écrit certaines choses selon qu'il se les rappelait. Il ne se souciait que d'une chose : ne rien omettre de ce qu'il avait entendu, et ne rien rapporter que de véritable.

Saint Justin (vers 150) cite comme appartenant aux Mémoires de Pierre un trait qui ne se trouve que dans l'évangile selon saint Marc (Dialogue avec Tryphon, n°106) : surnom de Boarnergès (fils du tonnerre) donné à Jacques et Jean, fils de Zébédée (Saint Marc III 16-17).

Saint Irénée (vers 180) dit qu'après la mort de Pierre et de Paul, Marc, disciple et interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce qui avait été prêché par Pierre(Contra haereses, Livre III, chapitre I, 1).

Tertullien attribue à Pierre ce que Marc a écrit (Adversus Marcionem, Livre IV, chapitre V).

La tradition le désigne donc comme un disciple de Pierre et son interprète authentique (Saint Clément d'Alexandrie, Origène - selon ce que Pierre lui avait enseigné- et saint Jérôme - Marc, interprète de l'apôtre Pierre et premier évêque d'Alexandrie).

Les anciens l'ont identifié avec le Marc ou le Jean-Marc des Actes des Apôtres et des épîtres pauliniennes : son nom hébreux aurait été Jean et son surnom romain aurait été Marc (Marcus qui a donné le grec Marcos), usage que l'on rencontre pour Joseph, surnommé Justus (Actes des Apôtres I 23), ou pour Simon, surnommé Niger (Actes des Apôtres XIII 1) ; il serait le fils d'une Marie, probablement veuve, chez qui se réunissait la première communauté chrétienne de Jérusalem et chez qui saint Pierre se réfugia après sa délivrance de la prison (Actes des Apôtres XII 12) ; celui-ci accompagna Paul et Barnabé, son propre cousin (Colossiens IV 10) dans un premier voyage (Actes des Apôtres XII 25), puis se sépara deux à Pergé en Pamphylie (Actes des Apôtres XIII 13) avant de repartir pour Chypre avec Barnabé (Actes des Apôtres XV 39) ; on le retrouve à Rome près de saint Paul prisonnier (Billet à Philémon 24) qui le charge d'une mission en Asie Mineure (Colossiens IV 10) et finalement l'appelle auprès de lui (II Timothée IV 11) ; la mention à Rome de Marc comme le fils très cher de l'apôtre Pierre (I Pierre V 13) fait penser que Marc a été baptisé par Pierre et qu'il se mit à son service après la mort de Paul.

Eusèbe de Césarée rapporte que Marc aurait été le fondateur de l'Eglise d'Alexandrie : Pierre établit aussi les églises d'Egypte, avec celle d'Alexandrie, non pas en personne, mais par Marc, son disciple. Car lui-même pendant ce temps s'occupait de l'Italie et des nations environnantes ; il envoya don Marc, son disciple, destiné à devenir le docteur et le conquérant de l'Egypte (Histoire ecclésiastique Livre II, chapitre XVI), ce qu'un texte arménien fixe à la première année du règne de Claude (41) et saint Jérôme la troisième (43) ; Eusèbe dit qu'il établit son successeur, Anien, la huitième année du règne de Néron (62).

L'attribut de saint Marc est le lion parce que son évangile commence par la prédication de saint Jean-Baptiste dans le désert et que le lion est l'animal du désert (Evangile selon saint Marc I 12-13).

 

         

 

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